COVID-19 et ALLAITEMENT : Quel risque pour le bébé allaité ?
Cette mise au point d’un pharmacologue de l’Université de Californie, San Diego sur la conduite à tenir en cas d’allaitement et d’infection maternelle au nouveau coronavirus intervient alors que l’épidémie de pneumonie COVID-19, associée au nouveau coronavirus SARS-CoV-2 poursuit sa propagation, frôlant au 6 mars 2020, les 100.000 cas confirmés -avec, néanmoins une stabilisation à 80.000 cas en Chine ces derniers jours. De nombreuses femmes en âge de concevoir, enceintes et de jeunes mères peuvent être en contact avec le virus et se posent la question de la meilleure conduite à tenir pour protéger l‘enfant à naître ou leur nourrisson. Cet article d’expert, présenté dans la revue Breastfeeding Medicine, apporte de premiers conseils aux femmes diagnostiquées positives à l’infection alors qu’elles allaitent.
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Rappelons, concernant la grossesse qu’une équipe de l’IRD et de l’Université d’Aix-Marseille, prenant en compte la proximité du nouveau coronavirus SARS-CoV-2 et des 2 autres coronavirus SRAS-CoV et MERS-CoV, et reprenant les données concernant les complications materno-fœtales documentées avec les 2 précédents virus durant la grossesse, a conclu dans le Lancet, que les femmes enceintes en cas d’infection au nouveau coronavirus encourent un risque accru de complications.
Cet expert en pharmacologie se penche aujourd’hui sur les traitements des coronavirus et les risques associés pour les bébés allaités
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Il n'existe actuellement aucun agent antiviral documenté comme efficace contre le nouveau virus. Cependant, un médicament expérimental à ce jour, le remdesivir, semble prometteur pour traiter COVID-19 et est actuellement en essai de phase III chez des patients. Mais le Dr Anderson précise : « On ne sait rien du passage du remdesivir dans le lait maternel ». Développé au départ pour traiter Ebola, on sait néanmoins qu’un nouveau-né atteint d'Ebola, traité avec du remdesivir, a été « débarrassé » du virus le 20e jour et est sorti de l’hôpital le 30e jour, sans effets secondaires.
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Et les autres antiviraux ? Autre exemple, la grippe : une étude de cas a été menée en février 2020 auprès 342 femmes en âge de procréer (15 à 44 ans), hospitalisées aux États-Unis pour grippe. Les médicaments utilisés pour traiter la grippe comprenaient les inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir, peramivir et zanamivir) et l’inhibiteur de l'activité endonucléase d'endonucléase, baloxavir.
- Des données limitées suggèrent que l'oseltamivir et son métabolite actif sont mal excrétés dans le lait maternel et que des doses maternelles de 150 mg par jour ne devraient pas provoquer d'effets indésirables chez les nourrissons allaités ;
- aucune étude n'a été effectuée sur le zanamivir pendant l'allaitement, mais on estime qu'un nourrisson exclusivement nourri au sein de 5 kg ne recevrait qu'environ 0,075 mg / jour par voie orale dans le lait maternel après une dose maternelle inhalée de 10 mg, soit moins de 1% de la dose pédiatrique inhalée. De plus, parce que zanamivir est mal absorbé par voie orale, il est peu probable qu'il atteigne la circulation sanguine du nourrisson en quantité cliniquement significative ;
- le péramivir est également mal absorbé par voie orale et il est peu probable qu'il atteigne la circulation sanguine du nourrisson ;
- enfin, étant donné que le baloxavir est lié à 93% aux protéines plasmatiques, la quantité dans le lait est estimée probablement encore inférieure…
Bref, ces données suggèrent que le bébé allaité ne recevrait que très peu de principe actif, avec des effets indésirables limités ?
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Faut-il poursuivre l’allaitement en cas d’infection à COVID-19 ? Le Dr Arthur I. Eidelman, rédacteur en chef de Breastfeeding Medicine, répond : « Étant donné que les mères infectées par un coronavirus ont probablement déjà colonisé leur nourrisson, la poursuite de l'allaitement maternel a le potentiel de transmettre des anticorps maternels protecteurs au nourrisson via le le lait maternel. Ainsi, l'allaitement doit être poursuivi, la mère pratiquant soigneusement le lavage des mains et le port d'un masque pendant l'allaitement, afin de réduire au maximum l'exposition virale du nourrisson ».
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