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COVID-19 : La soif de contact social, un véritable craving ?

Actualité publiée il y a 3 années 11 mois 1 semaine
MIT
La soif de contact social qui s’amplifie avec le confinement est comparable à un véritable « craving » cérébral, identique à celui observé avec la dépendance aux substances (Visuel Adobe Stock 343118358)

La soif de contact social qui s’amplifie avec le confinement est comparable à un véritable « craving » cérébral, identique à celui observé avec la dépendance aux substances, conclut cette équipe de neuroscientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Si ce phénomène de craving devient de plus en plus perceptible par la simple observation des comportements, les chercheurs montrent ici à l’imagerie que l'isolement induit un signal dans certaines zones cérébrales, similaire à celui observé lorsque l’on a faim de nourriture ou d'autres substances.  

 

Depuis le début de la pandémie, de nombreuses personnes n'ont plus vu leurs familles et leurs proches que par appels vidéo. L’équipe montre que ce besoin de contact que nous ressentons pendant le confinement partage une base neuronale avec les envies de nourriture que nous ressentons lorsque nous avons faim. Ainsi, après une journée d'isolement total, la vision de personnes s'amusant ensemble active la même zone cérébrale que celle qui s'active chez quelqu'un qui n'a pas mangé de la journée et aperçoit une assiette de pâtes.

La privation sociale comparable sur le plan neurologique à la privation de nourriture

Le constat des chercheurs confirme que les interactions sociales positives répondent à un besoin humain fondamental : « la solitude imposée est un état aversif qui induit chez les humains une réponse semblable à la faim », explique l’auteur principal, Rebecca Saxe, professeur de sciences du cerveau et de la cognition au MIT.

L'équipe de recherche a collecté les données pour cette étude en 2018 et 2019, bien avant la pandémie et les confinements. Cette nouvelle étude s’inspire d’une recherche de 2016 du Picower Institute for Learning and Memory du MIT. Cette recherche identifiait un groupe de neurones dans le cerveau de souris qui matérialise le sentiment de solitude et génère un besoin d'interaction sociale après l'isolement. Des études chez l'homme ont montré que le fait d'être privé de contact social peut entraîner une détresse émotionnelle, mais la base neurologique de ces sentiments reste mal connue.

 

Une expérience d'isolement : afin de recréer un contexte d'isolement, les chercheurs ont confiné des volontaires en bonne santé dans une pièce sans fenêtre pendant 10 heures. Les participants n'étaient pas autorisés à utiliser leur téléphone la pièce était équipée d’un ordinateur utilisable pour contacter les chercheurs si besoin. Une fois la période d’isolement de 10 heures terminée, chaque participant a passé un scan IRM -en évitant, lors de l’examen tout contact social. Les participants devaient donc tout faire par eux-mêmes, tandis que le chercheur, qui était habillé et masqué, restait silencieux.

 

Une expérience de jeûne : chacun des 40 participants a également subi 10 heures de jeûne, un jour différent de celui de l’étude puis a passé un scan dans les mêmes conditions.

Les participants ont également été scannés en visionnant des images de nourriture, des images d’interactions sociales et des images neutres. Les chercheurs se sont concentrés sur une zone du cerveau, la substantia nigra, une minuscule structure située dans le mésencéphale, déjà associée aux envies de nourriture et de substances. L’expérience montre que :

  • après l’isolement, visionner des interactions sociales, induit un « signal de manque » dans la zone de la substantia nigra identique au signal induit par la vision de nourriture après le jeûne ;
  • le degré d'activation dans la substance noire est corrélé au degré du sentiment de manque de nourriture ou d'interaction sociale, tel qu’auto-évalué par les participants ;
  • les réponses des participants à l'isolement varient en fonction de leur « habitude » et de leur expérience de la solitude : les personnes isolées depuis longtemps présentent une envie / un signal de manque d'interaction sociale plus faible après le test d'isolement que les participants menant une vie sociale plus riche ;
  • enfin, la faim et l'isolement activent chacun des zones distinctes d'autres zones du cerveau, dont le striatum et le cortex : cela suggère que ces zones sont spécialisées pour répondre à différents types de cravings, alors que la substantia nigra produit un signal plus général représentant toute une variété de cravings.

 

Les effets de l'isolement social sur l'activité cérébrale sont donc observables à l’IRM. L’équipe va donc maintenant regarder comment l'isolement social ou cette réponse cérébrale affecte le comportement et si les contacts sociaux virtuels permettent d'atténuer ou renforcent ces cravings d'interactions sociales.


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