DÉPRESSION: Se secouer? Pas facile quand on est déprimé!
« Ca fait mal longtemps » (It still hurts), titre cette étude américaine, rappelant à ceux qui n’ont jamais été touchés par des symptômes de dépression, la douleur du rejet social et sa durabilité. Cette étude menée à l’Université du Michigan et présentée dans la revue contribue à nous expliquer pourquoi en décryptant le mécanisme de réponse à la douleur, ou système opioïde, spécifique aux personnes souffrant de dépression.
Si « se secouer » et passer à autre chose peut permettre à la majorité d'entre nous de dépasser une contrariété ou une expérience de rejet social ou de stress social, ce n'est pas idem chez les personnes atteintes de dépression clinique, rappelle le Dr David Hsu, auteur principal de l'étude. La douleur du rejet social dure plus longtemps chez les personnes dépressives : Les cellules du cerveau, chez ces sujets, libère moins d'opioïdes naturels, des composés à l'action naturelle et chimique de réduction du stress.
Son étude est basée sur l'observation des cerveaux de 17 participants déprimés et 18 participants témoins, en bonne santé, via une technique de « balayage » ou tomographie par émission de positrons (TEP) et une simulation de rencontres en ligne. L'étude apporte un éclairage nouveau sur la façon dont le mécanisme de réponse à la douleur, appelé le système opioïde, diffère chez les sujets atteints de dépression. Ainsi, le cerveau d'un individu sain produit suffisamment d'opioïdes naturels en cas d'expérience de rejet social (taches colorées sur visuel ci-contre). Ces opioïdes vont contribuer à réduire et à apaiser les émotions négatives associées à la contrariété. En revanche, les participants souffrant de dépression ne libèrent pas autant d'opioïdes, ce qui contribue à la persistance de l'humeur dépressive.
« Mais, quand on les aime », les personnes déprimées vont se sentir relativement mieux, mais seulement momentanément. Les auteurs expliquent ici également le mécanisme sous-jacent, soit, toujours par des différences du système opioïde.
«Chaque jour, nous faisons l'expérience d'interactions sociales positives et négatives. Une personne déprimée qui a une moindre capacité à réguler ses émotions au cours de ces interactions, en raison d'un système opioïde altéré peut présenter une tendance à la persistance ou à la récidive de symptômes de dépression », explique le Pr David Hsu. « Le système opioïde du cerveau peut aider cette personne à se sentir mieux après une interaction sociale négative ». L'objectif, derrière ces résultats, reste donc de mieux comprendre comment stimuler la réponse par opioïdes chez les personnes déprimées afin de réduire cet effet exagéré du stress social et accroître les bénéfices d'interactions sociales positives. Le système opioïde constitue ainsi une cible majeure pour le développement de médicaments de la dépression.
Source: Molecular Psychiatry (2015) 20, 193-200; doi:10.1038/mp.2014.185 It still hurts: altered endogenous opioid activity in the brain during social rejection and acceptance in major depressive disorder (Visuel@ University of Michigan)
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