DIABÈTE : Son ennemi juré, le glucagon, pourrait être un précieux allié
Qui dit diabète, dit insuline. Le diabète affecte 425 millions de personnes dans le monde et l'insuline est l’hormone qui aide à contrôler la maladie. Mais il existe un 3ème acteur dans la maladie, dont on parle moins, le glucagon. Cette étude de l’Université de Montréal (UdM) présentée dans les Actes de l'Académie des Sciences américaine (PNAS), révèle un mécanisme d'adaptation impliqué dans le contrôle de l'action de l'insuline, dans lequel le glucagon joue un rôle clé et pourrait même être un atout protecteur.
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Le glucagon a longtemps été considéré comme une hormone dont la seule mission était de contrecarrer l'effet de l'insuline. Cependant, l’équipe de recherche de Montréal conteste ce concept et montre que le glucagon exerce une fonction supplémentaire : il prépare le foie, de sorte qu’il soit plus sensible au signal de l’insuline et s'arrête de produire du sucre, lorsque le corps n’en a plus besoin.
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Le diabète survient lorsque le corps n'est plus en mesure de stocker le glucose, ce qui peut entraîner une glycémie trop élevée. Lorsque le taux de sucre dans le sang devient trop élevé, l'insuline envoie au corps le signal de stocker l'excès dans nos tissus comme source d'énergie et demande au foie de cesser de produire du sucre. Le glucagon, en revanche, ordonne au foie d’épuiser ces réserves lorsque cela est nécessaire et de produire plus de sucre. Il peut par exemple, pendant une période de jeûne ou lorsque le corps dépense plus d’énergie que d’habitude, induire le foie à puiser dans ces réserves. En raison de leurs effets opposés, l'insuline et le glucagon ont longtemps été considérés comme des hormones qui se combattent par signaux au foie « interposés ». De nombreux scientifiques ont même suspecté que le glucagon, lorsqu'il est trop actif ou sécrété en trop grandes quantités, soit un facteur de risque de diabète. Certains ont alors tenté développer des traitements pour inhiber l'effet du glucagon, mais cette approche s'est révélée peu concluante : l’équipe montre qu’en effet, le glucagon peut constituer un atout protecteur.
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Le glucagon exerce 2 fonctions :
- Le glucagon induit le foie à puiser dans ses réserves : en cas de jeûne prolongé, durant la nuit, le taux de glucagon est plus élevé. Cela permet au corps d’utiliser ses réserves d'énergie et d’empêcher la glycémie de tomber trop bas et de provoquer une hypoglycémie.
- Le glucagon sensibilise le foie à l’insuline : le glucagon exerce en effet une fonction supplémentaire, jusque-là non documentée : il prépare le foie à être sensible au signal de l’insuline, au petit déjeuner par exemple, où il l’induit le foie à arrêter de produire son propre sucre, car le corps en aura suffisamment par l’apport alimentaire.
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Des taux élevés de glucagon et de PGC1A pourraient être bénéfiques : sur la base d’observations dans des cellules de foie de souris, les chercheurs constatent que le glucagon a besoin d'une protéine appelée PGC1A pour contrôler cette réponse à l'insuline. Et l'activation de PGC1A ne conduit pas à une hyperglycémie (1ère fonction connue du glucagon), mais induit une meilleure réponse à l'insuline (2de fonction découverte du glucagon). Ainsi, des taux élevés de glucagon et de PGC1A pourraient être bénéfiques. Car sans ces deux molécules, le foie réagit moins vite à l'insuline après avoir mangé. Il faut alors plus de temps avant que les taux de sucre dans le sang ne reviennent à la normale.
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D’autres recherches vont donc examiner de plus près l’action combinée du glucagon et de PGC1A, jusque-là largement ignorés en raison d'effets indésirables présumés sur le foie. Ces recherches pourront conduire à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques pour le diabète et d'autres maladies métaboliques, espèrent les chercheurs.
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