DOULEUR: Un traitement de choc aux opiacés peut éviter la douleur chronique
Cet article de Nature commente cette découverte de chercheurs de la Medical University of Vienna qui constatent qu'une dose très élevée d'un médicament opiacé qui utilise les mêmes voies anti-douleur que la morphine peut réinitialiser les signaux nerveux associés à la douleur continue - au moins sur l’animal. Si ce résultat était confirmé sur l’Homme, ce « nouvel effet » choc découvert des opiacés pourrait réduire ou éliminer des années de douleur pour des millions de patients. Des résultats originaux et primordiaux publiés dans l’édition du 13 janvier de la revue Science.
Des doses d'opiacés supérieures aux doses normales pourraient donc guérir la douleur chronique. C'est un tout nouvel effet des opiacés qui vient d'être découvert, quand ils sont donnés, non pas en continu à faible dose, mais à une dose très élevée, explique Jürgen Sandkühler, neurophysiologiste au Center for Brain Research de l'Université médicale de Vienne, co-auteur de l'étude.
La douleur chronique est une affection nerveuse qui persiste longtemps après la douleur aigüe. Ce type de douleur peut suivre une intervention chirurgicale ou une blessure ou être associé à des maladies chroniques comme la polyarthrite rhumatoïde et le cancer. Les auteurs de Science expliquent que le stimulus de départ va modifier la manière dont le SNC va gérer la douleur ensuite. Dans un processus dit « de potentialisation à long terme (PLT) » les nerfs transportent les signaux de la douleur qui peut s'amplifie et peut conduire au décès.
Traiter « fort » la douleur aigüe avant qu'elle devienne chronique : Alors que les opiacés comme la morphine et l'héroïne restent les produits de base pour la prise en charge de ces douleurs chroniques, leur effet n'est que temporaire. Les chercheurs ont voulu tester l'effet de ces médicaments sur le problème sous-jacent. L'équipe a placé 25 rats en situation de douleur aigüe. Une fois le stimulus passé, les chercheurs ont donné aux rats une dose très élevée en intraveineuse d'un opiacé, dérivé synthétique de la morphine, le rémifentanil. Les signaux de douleur se sont estompés chez les rats 10 mn plus tard. Une fois l'effet du rémifentanil dissipé, la douleur chronique reste significativement réduite chez les rats soumis à une stimulation de faible fréquence Une deuxième perfusion du médicament une heure plus tard supprime totalement la potentialisation à long terme et restaure les niveaux de douleur « à la normale ». Une dose importante et minimum d'analgésique- soit 2 à 4 fois plus élevée que la dose habituelle- s'avère nécessaire pour obtenir ce résultat.
L'idée est donc de traiter avec force la douleur aiguë pour réduire le risque qu'elle devienne chronique. De nombreux essais cliniques sur l'Homme restent, bien évidemment, indispensables.
Source: Nature doi:10.1038/nature.2012.9796 « High-dose opiates could crack chronic pain” et Science 335, 235–238 (2012) 13 January 2012: Vol. 335 no. 6065 pp. 235-238 DOI: 10.1126/science.1211726 Report: Erasure of a Spinal Memory Trace of Pain by a Brief, High-Dose Opioid Administration (Visuels Santé log Soin à Domicile N°16- Fotolia)
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