ÉPIGÉNÉTIQUE : L'alimentation des parents a ses conséquences cardiaques multigénérations
Ces mouches des fruits soumises à un régime riche en graisses vont léguer à deux générations successives le risque cardiaque associé à ce facteur alimentaire. Si nous sommes conscients que nous devrions manger des fruits et des légumes pour garder notre cœur en bonne santé, nous ignorions que certains changements épigénétiques hérités ou transmissibles à nos enfants ou nos petits-enfants peuvent leur transmettre également ces effets cardiaques néfastes d’un régime alimentaire malsain. Cette équipe du Sanford Burnham Prebys Medical Discovery Institute (La Jolla) en fait la démonstration dans la revue Nature Communications.
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L’épidémie d’obésité fait augmenter les taux d’insuffisance cardiaque. Selon l'American Heart Association (AHA), plus de 6 millions de personnes aux États-Unis vivent actuellement avec une insuffisance cardiaque, un chiffre qui pourrait atteindre les 8 millions en 2030. Dans l’insuffisance cardiaque, le cœur ne parvient pas à pomper suffisamment de sang dans le corps.
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Alors que les scientifiques tentent, depuis de nombreuses années, d’identifier les bases génétiques de l'obésité, cette recherche révèle un mécanisme héréditaire derrière l'insuffisance cardiaque alimentée par un régime alimentaire riche en graisses. L’alimentation pendant la grossesse a des effets durables sur la santé des enfants, cet effet transgénérationnel a déjà été bien documenté. Il a ainsi été démontré que les bébés nés à la suite d'une famine ou d’une malnutrition de la mère peuvent présenter des taux d'obésité et de maladies coronariennes plus élevés. Les mères en surpoids ou obèses sont également plus susceptibles d'avoir des enfants atteints de diabète ou d'autres problèmes de santé. Cependant, les mécanismes génétiques et moléculaires sous-jacents, responsables de ces associations, restent encore mal compris.
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Un facteur épigénétique et des cibles génétiques : les chercheurs californiens vont plus loin en identifiant un facteur épigénétique et des cibles génétiques qui devraient être explorés pour protéger les nouvelles générations des effets du régime alimentaire malsain de leurs parents ou grands-parents. L’équipe identifie en effet un marqueur épigénétique et 2 gènes responsables de l'insuffisance cardiaque chez les "enfants et petits-enfants" de mouches des fruits présentant un dysfonctionnement cardiaque lié à un régime trop riche en graisses. L'inversion de la modification épigénétique et la surexpression des deux gènes permettent, en revanche, de protéger les générations futures des effets cardiaques négatifs de l'alimentation de leurs parents.
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Des résultats qui contribuent à expliquer comment l’insuffisance cardiaque peut être liée à l’obésité des parents et grands-parents, et qui révèlent des cibles thérapeutiques prometteuses : en comparant des générations de mouches nées de parents ayant suivi un régime alimentaire normal vs riche en graisses, les scientifiques ont pu identifier ici :
- un marqueur épigénétique héréditaire appelé lysine triméthylée 27 dans l'histone 3 (H3K27me3). La réduction du niveau de cette marque épigénétique dans la mouche des fruits protège les 2 générations suivantes des dysfonctionnements cardiaques.
- 2 gènes impliqués dans le métabolisme, bmm et PGC-1 sont identifiés, lorsque surexprimés, comme néfaste au cœur des enfants et des petits-enfants de mouches ayant reçu une alimentation grasse.
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Comment et quand ces changements génétiques et épigénétiques sont-ils hérités, et dans quelle mesure proviennent-ils de la mère ou du père ? C’est la prochaine question à élucider afin de déterminer quels sont les principaux changements hérités et à quel moment ces changements provoquent un déséquilibre métabolique et une cardiopathie lipotoxique chez la descendance.
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« Nous cherchons à mieux comprendre comment ces deux pièces du puzzle, les changements épigénétiques et génétiques, sont héritées : une meilleure compréhension des réseaux de gènes activés et désactivés après un régime riche en graisses, et de la façon dont ces changements sont orchestrés par des facteurs épigénétiques, va nous aider à trouver de nouvelles cibles thérapeutiques pour traiter l'obésité et l’insuffisance cardiaque associée ».
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