ÉVOLUTION: Ces fourmis qui ont conquis le monde
Il a 323 espèces de fourmis, pourtant 10% des fourmis dans le monde appartiennent à une seule espèce, Pheidole. Cette seule espèce est parvenue à se répandre sur toute la surface de la terre. Cette grande étude de séquençage des gènes de 300 sous-espèces Pheidole accompagnée d’une cartographie des 1.200 sous-espèces Pheidole vivant sur Terre, présentée dans les Proceedings of the Royal Society suggère que l’espèce a évolué en 2 fois, une première fois pour s’adapter au Nouveau Monde (Amériques et Océanie), et puis pour envahir l'Ancien Monde (Europe, Asie et Afrique).
Les fourmis de l'espèce Pheidole sont un exemple instructif pour mieux comprendre l'évolution et les écosystèmes terrestres. En effet, les fourmis sont abondantes dans la plupart des écosystèmes terrestres, assument des fonctions ou des tâches importantes telles que l'aération du sol, le cycle de production des nutriments et le semis des graines de plantes. Certaines espèces de fourmis peuvent devenir nuisibles à l'Homme, sur un plan écologique. Enfin, leur comportement social passionne. L'espèce Pheidole étant présente dans un large éventail d'écosystèmes, la compréhension de son évolution va plus loin que la seule compréhension de l'évolution des fourmis.
Le chercheur Evan Economo et son équipe de l'Okinawa Institute of Science and Technology, avec des collègues de l'Université du Michigan ont d'abord recueilli et sélectionné des échantillons de fourmis de sous-espèces Pheidole, puis séquencé l'ADN des échantillons pour déterminer les similarités génétiques entre 300 espèces de Pheidole du monde entier et ont pu ainsi dessiner un arbre généalogique de l'espèce et de ses sous-espèces. Dans le même temps, les chercheurs ont examiné la littérature académique, ont fait des recherches dans les musées du monde entier afin de cartographier la présence des 1.200 sous-espèces Pheidole vivant sur Terre. Les chercheurs constatent que si des centaines d'espèces vivent sur presque tous les continents, d'il y a eu beaucoup de déplacements et de colonisations à travers le monde, le genre Pheidole se trouve en fin de compte divisé en 2 principaux groupes sociaux, un groupe adapté au Nouveau Monde, un autre à l'Ancien Monde.
Pheidole a d'abord évolué pour s'adapter au nouveau monde, cette adaptation donnant lieu à plus de 600 espèces, puis, une de ces fourmis a colonisé l'Ancien Monde, où l'espèce a évolué en 600 autres sous-espèces. L'espèce apparaît également mieux associée à certains modèles climatiques, en particulier est plus développée avec les climats chauds et humides. Cette évolution dans une certaine mesure déterministe, qui explique pourquoi Pheidole est une espèce très présente dans les écosystèmes tropicaux sous-entend un avantage, dans ces conditions, sur les autres espèces, qui reste encore à identifier.
Comment tant d'espèces Pheidole peuvent coexister, se nourrir, faire leurs « nids » et prospérer dans un même environnement local reste encore à découvrir. La connaissance de ces habitudes permettrait de comprendre si l'espèce est la mieux armée pour survivre ou si l'écosystème peut accepter plusieurs espèces de fourmis. Mieux comprendre ces écosystèmes permet ensuite aux scientifiques de mieux cerner le rôle de ces organismes et de mieux protéger les écosystèmes.
Source: Proceedings of the Royal Society B 26 November 2014 DOI: 10.1098/rspb.2014.1416. Global phylogenetic structure of the hyperdiverse ant genus Pheidole reveals the repeated evolution of macroecological patterns (Visuel : Eli M. Sarnat, AntWeb)
Plus d'études sur l'Evolution
Autres actualités sur le même thème
-
MYOPATHIES: Découverte d'un gène de la réparation musculaire
Actualité publiée il y a 13 années 1 mois -
ÉDITION du GÉNOME: Son usage sur l'embryon pose question
Actualité publiée il y a 8 années 8 mois -
CANCER du SEIN: Ce nouvel implant mammaire empêche la récidive du cancer
Actualité publiée il y a 12 années 9 moisCe revêtement de picots nanométriques empêchera les cellules cancéreuses d’accéder aux éléments nutritifs dont elles ont besoin pour prospérer. Ces chercheurs... -
CANCER de l'OVAIRE: 2 signatures génétiques, 2 pronostics
Actualité publiée il y a 13 années 1 mois