FIBROMYALGIE et douleur : Le rôle clé de la dopamine
Cette revue de la littérature publiée sur le site Practical Pain Management soutient l’hypothèse d’une perturbation de la neurotransmission dopaminergique dans le développement de la fibromyalgie et de ses symptômes de douleur. Ainsi, elle fait l’hypothèse d’une carence en dopamine comme contributeur majeur des symptômes et envisage de nouvelles options de traitement capables de réactiver les neurones dopaminergiques pour réduire les symptômes fibromyalgiques.
La fibromyalgie est un trouble courant qui touche 2 à 6% de la population et est caractérisée par une douleur chronique et une hypersensibilité notamment à la palpation légère. Aujourd'hui, le diagnostic clinique de fibromyalgie est basé, aux Etats-Unis sur les critères "rhumatologiques" établis par l'American College of Rheumatology, publiés en 1990. Cependant, bien que considéré historiquement comme un trouble musculo-squelettique, la fibromyalgie entraîne aussi des symptômes neurologiques et de nombreux patients se plaignent souvent de dysfonction cognitive ou « fibro-fog », avec troubles de la mémoire à court et à long terme, une moindre capacité d'attention et de concentration et une difficulté à trouver les mots justes. En raison de l'absence de pathologie tissulaire périphérique facilement repérable, la recherche sur la fibromyalgie s'est donc concentrée de plus en plus sur le système nerveux central comme source possible des symptômes. Et, parmi les hypothèses les plus récentes concernant la pathophysiologie du trouble, une hypo-fonction dopaminergique qui se développerait suite à des changements du cerveau (fonction limbique) induits par l'exposition au stress chronique. Ainsi, la fibromyalgie a été liée au stress, or l'exposition au stress chronique entraîne la perturbation de l'activité dopaminergique et la dopamine joue un rôle clé dans l'analgésie naturelle au sein de nombreuses zones du cerveau.
Fibromyalgie et neurotransmission dopaminergique perturbée : les auteurs de cette revue citent ainsi plusieurs études en faveur d'une neurotransmission dopaminergique perturbée dans la fibromyalgie et de concentrations plus faibles de métabolites de la dopamine, de la noradrénaline et de la sérotonine dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) des patients atteints de fibromyalgie. Certaines études concluent aussi que la fibromyalgie peut être caractérisée par une sensibilité ou une densité accrue des récepteurs D2 de la dopamine. Autres études, autres preuves, la kétamine qui agit en grande partie comme *agoniste des récepteurs D2 de la dopamine permet de réduire la douleur et la sensibilité musculaire. Ainsi, la réponse positive à la kétamine à faible dose chez des patients souffrant de fibromyalgie pourrait aussi être interprétée comme une preuve supplémentaire du rôle de la dopamine dans la réduction de la douleur fibromyalgique.
L'efficacité des antagonistes des récepteurs NMDA suggère aussi un rôle clé de la dopamine : d'autres études, citées dans l'analyse, suggèrent que les antagonistes des récepteurs NMDA, qui jouent un rôle clé dans la transmission de la douleur, augmentent la synthèse de la dopamine -ce qui contribue d'ailleurs vraisemblablement à leur efficacité dans le traitement de la maladie de Parkinson. Le blocage des récepteurs NMDA par l'utilisation d'antagonistes des récepteurs NMDA comme la kétamine, la mémantine ou le dextrométhorphane permet également d'obtenir une réduction des symptômes douloureux. En s'opposant à l'activité de ces récepteurs, les antagonistes des récepteurs NMDA peuvent favoriser la libération de dopamine en réponse à des stimuli de l'environnement et peuvent donc avoir un intérêt dans le traitement de la fibromyalgie. Certaines observations de patients atteints de fibromyalgie qui répondent à la kétamine à faible dose -*agoniste du récepteur de la dopamine D2- montrent que ces mêmes patients répondent aussi au dextrométhorphane oral, un antagoniste "direct" des récepteurs de NMDA.
Un candidat qui favorise la réactivité des neurones dopaminergiques en réponse à des stimuli douloureux : Enfin, l'exemple est donné de l'oxybate de sodium, une des molécules prometteuses dans le traitement de la fibromyalgie. Bien que plus largement documenté comme efficace à rétablir le sommeil perturbé dans la fibromyalgie en raison son activité d'agoniste du récepteur GABA, le composé exerce également une influence importante sur la neurotransmission dopaminergique. Plus précisément, il semble diminuer le seuil de déclenchement des neurones dopaminergiques, associé à la fonction analgésique de la neurotransmission dopaminergique. Ainsi, il favorise la réactivité des neurones dopaminergiques en réponse à des stimuli douloureux. Des essais sur l'efficacité de cette molécule dans le traitement de la fibromyalgie sont actuellement en cours.
Central Role of Dopamine in Fibromyalgia (Visuel NIH " Dopaminergic transmission")
Plus de 50 études sur la Fibromyalgie
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