FIBROMYALGIE: La piste leptine dans la douleur féminine
La leptine, une hormone naturelle, est déjà connue pour son effet de blocage de la faim, exercé sur l'hypothalamus, une zone du cerveau qui contrôle la prise alimentaire. La leptine est produite dans les cellules adipeuses, elle informe le cerveau de l'état métabolique. Ainsi, une absence de leptine, ou de son récepteur entraine hyperphagie et obésité. La leptine a donc été déjà envisagée, par de nombreuses études comme une cible de choix de nouvelle thérapie contre l’obésité, cependant, d’autres études ont documenté sa capacité à traverser la barrière hémato-encéphalique et à affecter les cellules nerveuses, causant de la douleur et la fatigue. C’est la théorie de cette équipe de l’Université de Birmingham (Alabama) qui suggère que, dans la fibromyalgie, l‘hormone affecte la microglie, un ensemble de cellules immunitaires censé protéger nos neurones.
Ainsi, la leptine pourrait être un moteur majeur de la douleur physique, selon cette nouvelle étude qui a évalué ses niveaux chez des patientes atteintes de fibromyalgie vs des participantes en bonne santé. Ses conclusions contribuent à mieux comprendre les processus sous-jacents de la signalisation de la douleur dans la fibromyalgie et pourraient conduire à de meilleurs traitements de ce symptôme.
L'équipe de recherche de l'Université d'Alabama a étudié les interactions entre la leptine et le système immunitaire du cerveau à travers 2 études :
· une première petite étude pilote a suivi 3 femmes atteintes de fibromyalgie, mesuré les niveaux de leptine et de douleur chaque jour, durant 25 jours. L'analyse constate que,
Ø les niveaux de leptine fluctuent avec la douleur rapportée, avec des niveaux plus élevés, les jours où ces patientes connaissent les niveaux de douleur les plus élevés. Ainsi, les niveaux sont des indicateurs, au jour le jour de la sévérité des symptômes du patient fibromyalgique.
· La deuxième étude a analysé les données de leptine, IMC et de niveaux de douleur de 5.676 femmes ménopausées participant à une étude observationnelle, sur un échantillon représentatif de la population générale. L'analyse constate que,
Ø la leptine et l'IMC sont indépendamment associées à la douleur corporelle.
Si la preuve du lien entre la leptine et la douleur dans cette seconde étude est plutôt faible, les auteurs notent que c'est probablement en raison de la fluctuation des niveaux de leptine et que la piste de la leptine mérite d'être poursuivie.
Quel processus ? Les chercheurs suggèrent que la leptine qui a la capacité de traverser la barrière hémato-encéphalique, affecte les cellules nerveuses, active la microglie, le système de défense du cerveau, entraînant ainsi douleur et fatigue. Une hypothèse cohérente alors que de précédentes études ont montré que la molécule est également régulée par le sommeil et l'infection et a déjà été associée à des maladies inflammatoires dont la polyarthrite rhumatoïde, le lupus et la sclérose en plaques. Une toute nouvelle direction et une nouvelle cible à explorer pour la prise en charge de la fibromyalgie.
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