Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

GRIPPE: La double mutation qui tue

Actualité publiée il y a 9 années 7 mois 3 semaines
Science

Dans ce contexte de surmortalité liée à la grippe cette année en France, majoritairement en raison d’une mauvaise « adaptation » du vaccin aux souches circulantes, cette étude publiée dans Science contribue à expliquer pourquoi pour certaines personnes, tout particulièrement, et au-delà de vulnérabilités déjà bien connues, la grippe peut être mortelle. Ces scientifiques de l'Université Rockefeller identifient ainsi, dans la revue Science, la responsabilité d’une mutation génétique rare.

Les chercheurs ont analysé les échantillons de sang et de tissus d'une jeune fille qui, à l'âge de 2 ans et demi, a développé un syndrome de détresse respiratoire aiguë après avoir attrapé la grippe, et qui, hospitalisée et après s'être longuement « battue » a finalement survécu. Le Dr Jean-Laurent Casanova, professeur et directeur du Laboratoire de St. Giles de génétique humaine des maladies infectieuses à Rockefeller, a découvert ainsi que porteuse d'une mutation rare, la petite patiente était dans l'incapacité de produire, l'interféron, une protéine essentielle dans la lutte contre le virus.


L'équipe a séquencé tous les gènes des génomes de la jeune fille à la recherche de mutations pouvant expliquer sa vulnérabilité personnelle, principalement au niveau de son système immunitaire. La jeune patiente avait hérité de 2 copies mutées du gène IRF7 qui code pour une protéine qui amplifie justement la production d'interféron. Une configuration rare, expliquent les chercheurs, « chaque mutation étant très rare et donc la probabilité de porter 2 copies du gène muté étant extrêmement rare ». En raison de ces 2 copies, plus de cellules sont donc infectées par le virus (en vert sur visuel ci-contre).

Les cellules de sang de ses parents, qui portaient donc chacun une seule version mutée du gène, produisait des quantités suffisantes de l'interféron en réponse à la grippe, ce qui suggère qu'une seule version non mutée du gène suffit à apporter une réponse au virus.

Lorsque les chercheurs reprogramment des cellules de la peau de l'enfant en cellules souches pour les différencier en cellules pulmonaires, ils constatent sans surprise, que le virus se reproduit plus rapidement dans les cellules pulmonaires de la jeune patiente que dans les mêmes cellules issues de patients non porteurs.

Cette susceptibilité génétique pourrait même être considérée comme une maladie génétique explique l'auteur, dont la découverte suggère de traiter les grippes sévères de l'enfance avec l'interféron, un traitement déjà disponible. Cette découverte de l'influence d'un gène sur la sévérité de la grippe reste dans la lignée de précédentes recherches, de la même équipe, qui avait déjà associé certaines différences génétiques à des infections mortelles pouvant se propager au cerveau, avec le virus de l'herpès simplex.


Autres actualités sur le même thème