GROSSESSE et ANTI-ÉPILEPTIQUES : L'étude qui veut rassurer
De récentes études ont montré que certains antiépileptiques, en particulier le valproate de sodium et ses dérivés (dont la Dépakine®) peuvent conduire à des malformations congénitales chez le fœtus et que le traitement antiépileptique pendant la grossesse affecte le développement du cerveau chez les enfants. Ainsi, les dernières données estiment que les enfants exposés in uteroprésentent un risque accru jusqu’à 30 à 40 % de troubles neuro-développementaux. Cette étude, présentée dans le British Medical Journal Open est plutôt rassurante pour les femmes qui ont besoin de prendre un traitement anti-épileptique pendant leur grossesse : elle conclut que, globalement, les enfants exposés in utero ne consultent pas le médecin plus souvent que les enfants non exposés. Cependant certaines différences sont constatées selon le traitement anti-épileptique prescrit.
Finalement cette étude de Université d'Aarhus semble conclure que l'exposition prénatale aux anti-épileptiques ne nuit pas à la santé globale de l'enfant. Quels anti-épileptiques ? Les chercheurs ont pris en compte tous les médicaments classés comme anti-épileptiques au sens de la classification ATC de l'OMS + clonazepam. Ainsi l'analyse des données de prescription des registres danois montrent que les 6 médicaments anti-épileptiques les plus fréquemment prescrits chez les femmes enceintes sont : le clonazepam (Rivotril®) (10% des prescriptions), oxcarbazépine (Trileptal®) (11%), lamotrigine (Lamictal)®) (44%), carbamazépine (Tegrétol®) (12%), valproate (Dépakine®) (14%) and levetiracetam (Keppra®) (4%). A partir des dossiers de 963.010 enfants nés entre 1997 et 2012, les chercheurs ont étudié 4.478 des grossesses exposées aux anti-épileptiques. Les mères avaient reçu ce traitement pour l'épilepsie, mais aussi pour le traitement d'autres maladies telles que la migraine et le trouble bipolaire. Enfin, les chercheurs ont pris en compte le sexe et la date de naissance de l'enfant, l'âge de la mère, la situation familiale, les niveaux d'études et de revenus, la maladie mentale, la toxicomanie… Exposition ou pas, globalement le nombre de contacts avec le médecin généraliste est le même : Globalement, les enfants dont les mères ont pris des médicaments contre l'épilepsie durant leur grossesse, ne visitent pas le médecin plus souvent que les enfants qui n'ont pas été exposés à ce médicament in utero. Cependant, une toute petite différence est néanmoins identifiée dans le nombre de contacts avec le médecin généraliste entre les enfants exposés et non exposés : le nombre moyen de contacts avec le généraliste chez les enfants non exposés est de 4,6 contacts par an. Tout au long de la période d'étude, les enfants exposés avant la naissance ont eu 3% de contacts de plus avec le médecin généraliste que les enfants non exposés. Selon les auteurs, cet écart s'expliquerait par une différence dans le nombre de contacts téléphoniques et non de consultations.
Il n'y a pas de différences de nombre de contacts avec le médecin en fonction de l'indication du traitement (épilepsie ou autre maladie chez la mère).
Mais attention, certaines différences apparaissent en fonction de l'anti-épileptique : ainsi, l'exposition prénatale à l'oxcarbazépine ou au valproate est associée à un nombre plus élevé de 8% de contacts chez le médecin, par rapport à l'exposition à d'autres anti-épileptiques (Visuel ci-contre).
Les chercheurs concluent à « des résultats rassurants pour les femmes qui ont besoin d'un traitement anti-épileptique durant leur grossesse ».
N.B. L'étude a été soutenue par les Fondations Lundbeck et Novo Nordisk par le biais du programme de recherche PROCRIN.
Feb 2017 10.1136/bmjopen-2016-012836 Prenatal exposure to antiepileptic drugs and use of primary healthcare during childhood: a population-based cohort study in Denmark
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