GROSSESSE, graisses et perturbateurs: Risque de cancer du sein sur 3 générations
Ces chercheurs du Georgetown Lombardi Comprehensive Cancer Centre démontrent, sur l’animal, que l'exposition maternelle à un régime alimentaire riche en graisses ou l'excès d'œstrogènes pendant la grossesse peut augmenter le risque de cancer du sein sur plusieurs générations de filles. Cette étude, publiée dans l’édition du 11 septembre de Nature Communications, montre que ce risque héréditaire de cancer du sein est lié à des altérations biologiques, causées par le régime alimentaire de la mère pendant sa grossesse, qui vont non seulement affecter le fœtus, mais aussi les cellules germinales fœtales qui vont à leur tour transmettre ce risque accru aux générations suivantes.
«Nous savons que le régime alimentaire de la mère peut avoir des effets à long terme sur la santé de sa progéniture, mais cette étude montre, sur le rat, pour la première fois, que ce facteur peut affecter 3 générations de descendants », confirme l'auteur principal, le Pr Leena Hilakivi-Clarke, professeur d'oncologie au Georgetown Lombardi. Filles, petites-filles et même arrières petites-filles sont donc menacées par ce risque multi-générationnel lié à cette consommation maternelle d'aliments riches en graisses et à cette exposition excessive aux œstrogènes qui vont entraîner des changements des modèles de méthylation d'ADN dans le sein des descendantes filles et les rendre plus sensibles à des agents cancérigènes plus tard dans la vie.
Une susceptibilité sur 3 générations: L'équipe de recherche américano-finlandaise a mené sa recherche sur 3 groupes de rats gravides et leur progéniture. 2 groupes de rats étaient à risque accru de développer un cancer du sein, vs un groupe témoin. Le premier groupe de rats a été nourri avec un régime riche en graisses avant la conception et pendant la grossesse. Le risque de cancer du sein s'avère augmenté de 55 à 60% chez les filles et petites-filles de ces mamans rats ayant reçu ce régime riche par rapport à la progéniture de rats témoins nourris normalement pendant la gestation.
· Excès de graisses : Chez la mère nourrie avec un régime riche en graisses avant la conception et pendant la grossesse, le risque accru de cancer du sein se transmet jusqu'à à ses petites-filles à travers les mâles ou les femelles exposés aux graisses in utero», ajoute Sonia de Assis, chercheur et co-auteur de l'étude.
· Excès d'œstrogènes : Dans l'autre groupe, les rats ont été nourris avec un régime supplémenté en œstrogènes au cours de la dernière semaine de la grossesse. Les chercheurs constatent une incidence accrue de 50% de tumeurs mammaires chez les filles, petites filles et arrières petites filles des rats exposés. Ici, le risque accru de cancer du sein est transmis à travers via les femelles, seulement.
De l'hérédité épigénétique : Excès de matières grasses et d'œstrogènes entrainent une production en excès de tissu mammaire et les auteurs notent aussi des changements épigénétiques dans les glandes mammaires des 3 générations de rats exposées aux l'œstrogènes.
Alors que les deux tiers des cancers du sein familiaux chez l'Homme ne présentent pas de mutations génétiques (comme sur BRCA1 and BRCA2), ces effets d'un régime riche en graisses et d'un excès d'œstrogènes pourraient ainsi contribuer à expliquer certains de ces cas et faire le lien avec des modifications épigénétiques.
D'hérédité génétique, les chercheurs en viennent au concept d'hérédité épigénétique, avec l'espoir, dans ce cas, d'une réversibilité.
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