HYPERACTIVITÉ (TDAH): Les médicaments oui mais quel bilan?
« Le TDAH est un problème majeur, mais personne ne semble être en mesure de donner une réponse très précise sur l'effet à long terme du médicament ». Cette étude de l’Université de Princeton se pose ainsi la même question que de nombreux parents d’enfants diagnostiqués avec trouble du déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH). Les médicaments, dont la Ritaline®, sont-ils vraiment efficaces, et entraînent-ils des effets indésirables ? L’étude, menée sur pas moins de 150.000 enfants diagnostiqués avec le TDAH plaide en faveur des avantages de ce traitement pris par des millions d'enfants et qui, selon ces données, permet de réduire les comportements à risque chez ces enfants, à l’adolescence et plus tard dans la vie.
Le TDAH ou trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité, un trouble chronique caractérisé par des difficultés d'attention et / ou une hyperactivité et une impulsivité est associé un risque plus élevé de comportements à risque tels que l'usage de drogues, des comportements sexuels à risque ou encore une conduite automobile irresponsable. La prévalence du TDAH n'en finit plus d'augmenter, avec aujourd'hui 11% des enfants américains, âgés de 4 à 17 ans, diagnostiqués avec un TDAH et 70% de ces enfants traités par médicaments. De nombreuses études tentent d'expliquer et d'analyser la croissance de l'incidence des troubles de déficit de l'attention et hyperactivité (TDAH), parfois sous l'angle des ventes mondiales croissantes de médicaments (Ritaline®). 5 causes sont généralement évoquées, un lobbying de l'industrie pharmaceutique, l'influence de la psychiatrie américaine, l'adoption de critères plus souples pour le diagnostic, le rôle des associations de patients et une diffusion élargie de l'information via l'Internet. Plusieurs études ont suggéré que ce trouble, défini comme un groupe de symptômes comportementaux dont l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité, devenait surdiagnostiqué et surmédicalisé. En particulier, une étude de 2012, publiée dans la revue Psychotherapy et le Journal of Consulting and Clinical Psychology a apporté des données fiables de ce sur-diagnostic. Une autre étude (américaine) de la Northwestern University montre que le nombre de ces diagnostics aurait augmenté de 66% en 10 ans et appelle à des protocoles de détection plus rigoureux. Enfin, citons cette étude de sociologues de la Brandeis University (US) qui suggère aussi que de trop nombreux enfants, simplement désobéissants ou un peu remuants sont diagnostiqués avec un TDAH, puis traités par méthylphénidate (Ritaline®).
L'analyse a porté sur les données Medicaid de 150.000 enfants diagnostiqués avec le TDAH entre 2003 et 2013, suivi sur leurs différents résultats de santé afin d'identifier les effets à long terme du médicament. Comparativement aux enfants diagnostiqués avec TDAH mais non traités, les enfants traités, présentent un risque réduit de :
· 4% d'infection sexuellement transmissible (indicateur de comportement sexuel à risque),
· 7% d'usage de drogues,
· 2,3% de blessures de tous types.
Ø Sur un échantillon de 14.000 adolescents diagnostiqués avec le TDAH de moins de 19 ans, cette réduction du risque associée au traitement représente, chaque année, 512 cas d'IST en moins, 998 cas de toxicomanie en moins et 6.122 blessures annuelles en moins.
Si de nombreuses études ont déjà démontré l'efficacité des médicaments dans le traitement des symptômes de base du TDAH, on en sait encore peu sur les effets du traitement sur la santé et le comportement. « De nombreux professionnels et parents doutent encore des bénéfices à long terme des médicaments du TDAH », concluent les auteurs, qui, en dépit de ces conclusions plutôt positives, appellent à de nouvelles études de suivi.
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