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HYPERACTIVITÉ (TDAH): Tendance confirmée du surdiagnostic et de la surprescription

Actualité publiée il y a 12 années 7 mois 2 semaines
Psychotherapeut et Journal of Consulting and Clinical Psychology

Ces chercheurs allemands qui publient dans la revue Psychotherapeut et le Journal of Consulting and Clinical Psychology apportent, pour la première fois, des données fiables suggérant que le TDAH, déficit de l'attention avec hyperactivité, est sur-diagnostiqué. Leur étude montre une propension exagérée des psychothérapeutes et des psychiatres à donner un diagnostic basé sur des critères peu clairs et l'intuition plutôt que des critères diagnostiques reconnus. Les garçons en particulier sont beaucoup plus souvent diagnostiqués à tort par rapport aux filles.

Alors que 10 millions d'enfants américains sont diagnostiqués chaque année avec TDAH au cours des visites médicales de routine et que le nombre de ces diagnostics aurait augmenté de 66% en 10 ans, selon une récente étude (américaine) de la Northwestern University publiée en mars dans la revue Academic Pédiatrique, ces résultats suggèrent des protocoles de détection plus rigoureux du TDAH.


Les chercheurs de la Ruhr-Universität Bochum (RUB) et de l'Université de Bâle, dont le Professeur Schneider Silvia et le Professeur Dr. Jürgen Margraf (RUB) et le Dr Katrin Bruchmüller (Université de Bâle), ont interrogé 1.000 psychothérapeutes et psychiatres spécialisés auprès des enfants et adolescents dans toute l'Allemagne et 473 ont accepté de participer à l'étude. Ils ont reçu chacun 4 cas patient, et ont été invités à donner un diagnostic et une recommandation thérapeutique. Dans 3 cas sur 4, les symptômes décrits par le médecin ne correspondent pas aux critères du TDAH. Seul un des cas satisfaisait aux critères stricts. Le sexe de l'enfant influence l'analyse du médecin, en gros si le patient est une fille, elle n'a pas de TDAH, si c'est un garçon, il a un TDAH…

Un diagnostic fondé sur des prototypes : L'étude montre que de nombreux thérapeutes fondent leurs décisions sur des symptômes prototypes. Le prototype du TDAH est de sexe masculin et présente des symptômes tels que l'agitation motrice, le manque de concentration et l'impulsivité. Or, selon le sexe du patient, ces symptômes conduisent à des diagnostics différents. Un garçon présentant ces symptômes, même s'il ne remplit pas l'ensemble des critères diagnostiques, recevra un diagnostic de TDAH, tandis que la fille, non. Aussi, selon les sexes, le thérapeute joue un rôle dans le diagnostic: les thérapeutes masculins donnent sensiblement plus souvent un diagnostic de TDAH que leurs homologues féminins !

Cette inflation de diagnostic entraine plus de prescriptions de médicaments avec des doses quotidiennes plus élevées : Durant ces dernières décennies, les diagnostics de TDAH sont « inflationnistes » : Entre 1989 et 2001, le nombre de diagnostics cliniques en Allemagne ont augmenté de 381%. Le coût global des médicaments du TDAH a été multiplié par 9 entre 1993 et ​​2003. Certaines complémentaires rapportent une augmentation de 30% des prescriptions de méthylphénidate pour ses assurés entre les âges de 6 et 18 ans. De même, la dose quotidienne aurait augmenté de 10%.

Or la recherche est inexistante, dénoncent les auteurs : « En dépit de l'ampleur du phénomène, très peu d'études empiriques ont abordé cette question ». Alors que dans les années 70 et 80 pletore d'études sur la fréquence et les raisons de diagnostics erroné ont été effectuées, la recherche actuelle est déficiente.

En conclusion, afin d'éviter une erreur de diagnostic du TDAH et une mise prématurée sous traitement, il est crucial que les thérapeutes ne se fient pas à leur intuition et se conforment aux critères strictement définis, concluent les auteurs.


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