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HYPERTENSION : Les siestes fréquentes, signe ou facteur de troubles cardiaques ?

Actualité publiée il y a 2 années 3 mois 3 semaines
Hypertension
Il existe une forte association entre une sieste régulière et un risque nettement plus élevé d’HTA mais également d'accident vasculaire cérébral (AVC) (Visuel Adobe Stock 336154070).

Cette équipe de la Xiangya Central South University (Chine) précise le lien entre des siestes fréquentes et l'hypertension artérielle (HTA). L’étude, présentée dans Hypertension, la revue de l’American Heart Association (AHA) confirme ainsi une forte association entre une sieste régulière et un risque nettement plus élevé d’HTA mais également d'accident vasculaire cérébral (AVC).

 

On savait que le manque de sommeil, les troubles du sommeil tel le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) ou l’insomnie peuvent influencer non seulement le niveau de tension d'un individu mais aussi déstabiliser la maîtrise de l'hypertension artérielle (HTA) traitée. Une récente étude a également montré que chez les patients hypertendus, une petite sieste à mi-journée permet de réduire la pression artérielle et …les médicaments antihypertenseurs. Même chez des personnes sans HTA, une petite sieste par jour permet de réduire le risque d’HTA et tout autant que d’autres facteurs de mode de vie.

 

L’étude : l’équipe chinoise a examiné si des siestes fréquentes pouvaient être un facteur de risque et de cause d'hypertension artérielle et/ou d'accident vasculaire cérébral- ou seulement un symptôme de la maladie. C’est d’ailleurs la première étude à utiliser à la fois l'analyse observationnelle des participants sur une longue période et la randomisation mendélienne - une validation du risque génétique- pour préciser l’association entre les siestes fréquentes, l’HTA et l’AVC.

"Ces résultats sont particulièrement intéressants car des millions de personnes pratiquent la sieste quotidienne »,

explique l’auteur principal, le Dr E Wang, professeur et directeur du département d'anesthésiologie de l'hôpital Xiangya.

Les chercheurs ont exploité les données de l’UK Biobank, une grande base de données biomédicales et génétiques, de mode de vie et de santé portant sur pas moins d’un demi-million de participants recrutés entre les âges de 40 à 69 ans entre 2006 et 2010. Ces participants ont régulièrement fourni des échantillons de sang, d'urine et de salive, ainsi que des données détaillées sur leur mode de vie. L'enquête sur la fréquence des siestes diurnes a eu lieu 4 fois sur la période 2006- 2019 chez un sous-groupe de participants. Les participants ayant subi un AVC ou souffrant d’HTA avant le début de l'étude ont été exclus. Finalement, l’analyse a porté sur les données de 360.000 participants suivis en moyenne durant 11 ans. Ceux-ci ont été répartis en fonction de la fréquence de sieste autodéclarée. Cette analyse révèle :

 

  • un comportement durable en matière de siestes : les 3 quarts des participants conservent la même fréquence de siestes tout au long du suivi ;
  • un taux plus élevé de siestes régulières chez les hommes, les personnes ayant un niveau d'études et de revenu inférieur, avec le tabagisme et la consommation quotidienne d’alcool, l’insomnie, le ronflement et un coucher tardif ;
  • par rapport à l’absence totale de sieste, une sieste quotidienne ou fréquente est associée à un risque accru de 12 % d’HTA et de 24 % d’AVC ;
  • les participants âgés de moins de 60 ans qui font habituellement la sieste encourent un risque 20 % plus élevé de développer une HTA vs leurs homologues du même âge qui ne font jamais la sieste ;
  • après 60 ans, les siestes régulières sont associées à un risque accru de 10 % d’HTA vs l’absence de sieste ;
  • lorsque la fréquence des siestes augmente au cours de la vie, de jamais à parfois ou de parfois à habituellement, le risque d'hypertension artérielle augmente aussi et jusqu’à 40 % ;
  • une fréquence des siestes plus élevée est bien liée à la propension génétique au risque d’HTA.

 

En conclusion, « bien que faire une sieste en soi ne soit pas nocif, de nombreuses personnes qui en font, compensent un mauvais sommeil durant la nuit. Un mauvais sommeil nocturne a déjà été associé à une mauvaise santé et les siestes ne suffisent pas à compenser ce manque sommeil la nuit. Ainsi faire plus de siestes reflète un risque accru de problèmes cardiométaboliques ».

 

Ainsi, il existe bien une forte association entre la pratique de siestes régulières et l’hypertension, mais la relation reste mal comprise, et les chercheurs n'ont pas encore éclairci le mécanisme biologique entre le sommeil et la régulation de la pression artérielle.

 

A minima, la pratique de siestes régulières chez les personnes à risque cardiovasculaire élevé incite à vigilance.


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