Les ANXIOLYTIQUES augmentent de 50% le risque de démence chez les plus âgés
Alors que les benzodiazépines, parmi les anxiolytiques les plus utilisés, sont fréquemment prescrits dans le cadre de l’anxiété et des troubles du sommeil, parfois sur une longue durée, alors que près d'un tiers des personnes de plus de 65 ans consomment des somnifères de manière chronique, et dans plus d'un cas sur deux, de manière non justifiée, cette association entre consommation de benzodiazépines et augmentation du risque de démence, recommande, une nouvelle fois, la plus grande vigilance sur l’utilisation de ces médicaments, en particulier chez les personnes âgées. Cette étude, menée par des chercheurs de l’Inserm et publiée dans l’édition du 28 septembre du British Medical Journal confirment l’alerte toute récente de la Haute Autorité de Santé sur une prescription trop systématique.
Il existe un large panel d'anxiolytiques mais les plus prescrits, pour soigner l'anxiété, surtout sur une longue durée, appartiennent à la famille des benzodiazépines, ils présentent également des propriétés sédatives. On sait, rappellent les auteurs, que la prescription de benzodiazépines est aussi souvent chronique, sur une période (souvent plusieurs années) dépassant largement la durée recommandée du traitement qui est de 2 à 4 semaines. Les somnifères les plus prescrits, n'appartiennent plus ou pas tous à la famille des benzodiazépines mais la plupart ont un effet hypnotique de plus courte durée.
En France, environ 30% des individus de plus de 65 ans consomment des benzodiazépines pour traiter les symptômes anxieux et les troubles du sommeil. La prescription de ces molécules est très étendue, surtout en France et dans de nombreux pays comme le Canada, l'Espagne ou l'Australie parmi cette population. Ainsi, il y a seulement quelques jours, la Haute Autorité de Santé a alerté sur la sur-prescription des somnifères chez les patients de plus, indiquant qu'environ 1 prescription sur 2 n'est pas justifiée. Selon le rapport de la HAS, près d'un tiers des personnes de plus de 65 ans consommeraient des somnifères de manière chronique, dans plus d'un cas sur deux, ces traitements ne seraient pas indiqués et seraient responsables d'effets délétères : dépendance, chutes et troubles de la mémoire.
Cette étude de l'Inserm, en collaboration avec l'Université de Bordeaux a procédé à plusieurs analyses croisées des données de la cohorte PAQUID (Personnes Agées QUID), de 3.777 sujets âgés de 65 ans et plus, pour mieux connaitre la relation entre la consommation de benzodiazépines et le développement de démence. L'analyse principale a porté sur un échantillon de 1.063 de ces participants, âgées de 78 ans en moyenne, sans symptômes de démence au début du suivi et qui n'avaient pas consommé de benzodiazépines avant la 5ème année du suivi. Sur les 1.063 personnes, 95 ont consommé des benzodiazépines à partir de la 5ème année, les participants ont donc été divisés en 2 groupes, les personnes "exposées aux benzodiazépines" et les "non exposées".
Les chercheurs constatent une incidence de la démence, plus élevée chez les personnes exposées, soit de 4.8 personnes sur 100 par an vs 3,2 personnes sur 100 par an pour les "non exposées". Deux analyses supplémentaires confirment cette association benzodiazépine-démence même si la date du début du traitement varie. Enfin, une étude cas-témoins menée sur 1.633 individus présentant une démence (cas) et 1.810 sans symptômes de démence (témoins), issus également de Paquid, confirme la même tendance quelle que soit la durée d'exposition antérieure, de 3 à 5 ans et jusqu'à plus de 10 ans.
Limiter les prescriptions à quelques semaines : Les auteurs concluent donc que l'exposition aux benzodiazépines des personnes âgées de plus de 65 ans est bien associée à un risque accru de démence. « Même si nous ne pouvons prouver qu'il existe un lien de cause à effet, nous constatons que les individus consommant des benzodiazépines présentent environ 50% plus de risque de développer une démence durant le suivi comparés à ceux qui n'en ont jamais consommé » indiquent les chercheurs, qui recommandent, également, de « limiter les prescriptions à quelques semaines et de contrôler la bonne utilisation de ces molécules ».
Source: Communiqué Inserm et BMJ Doi: 10.1136/bmj.e6231 28 Septembre 2012 Benzodiazepine use and risk of dementia: prospective population based study
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