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MSP et coopération entre professionnels de santé: Des défis à relever

Actualité publiée il y a 11 années 4 mois 4 semaines
Inist

Le développement des coopérations entre professionnels de santé, entre l’hôpital et la ville, ou le décloisonnement entre professionnels de santé au sein de maisons de santé pluridisciplinaires notamment, devrait permettre d’atteindre une meilleure égalité d’accès aux soins sur le territoire, mais aussi une prise en charge mieux adaptée aux spécificités des pathologies rencontrées, en particulier des affections chroniques. Mais cette restructuration de l’offre de santé, entamée en France dès 2007, suppose encore de nombreuses modifications des cultures et des règles professionnelles en particulier sur le sujet du transfert de compétences. ChroniSanté (Inist) s’inspire des enseignements étrangers, notamment des États-Unis, lieu de l’innovation dans la prise en charge des maladies chroniques, pour imaginer de nouveaux modèles et les conditions françaises d’une coordination pluridisciplinaire.

Expérimentées en France dès 2007, la loi Hôpital les avait consacrées comme une priorité. Aujourd'hui, les MSP, légitimement situées en milieu rural à 80%, regroupent près de 3.000 professionnels de santé, toutes professions confondues, dans l'objectif d'une meilleure prise en charge, mieux coordonnée des patients atteints notamment de maladies chroniques.


Alors qu'accélérer le développement des coopérations entre professionnels entraîne une évolution de l'offre de soins primaires, notamment en diminuant le recours à l'hôpital, les enseignements de l'étranger appellent à se poser la question entre stratégie nationale et besoin local, et à redéfinir les champs d'intervention des professionnels de santé. En France, une telle évolution, symbolisée et matérialisée aujourd'hui par le développement des maisons de santé va impliquer, principalement, 3 types d'acteurs, médecins, infirmiers et…patients.

Les acteurs privilégiés d'une coopération renforcée : Alors que le médecin doit notamment accepter de déléguer une partie de son rôle médical sur les problèmes de santé courants, la prévention et l'éducation à la santé, l'infirmier « en soins primaires » (Niveau 1 ci-contre) doit travailler en complète complémentarité et assurer les soins de première ligne et la surveillance (biologique, facteurs de risque) des patients atteints de maladies chroniques. En cas de complication, l'infirmier reste toujours en mesure d'orienter le patient vers le médecin référent. Le patient, pour sa part, doit accepter l'intervention élargie de l'infirmier sur les problèmes de santé courants, autrefois du ressort du médecin. Du côté des professionnels, ces évolutions s'accompagnent, du moins dans certains pays étrangers (Canada, Etats-Unis) d'évolution dans la formation initiale et continue des professionnels de santé.

Vers de nouveaux statuts professionnels et modes de rémunération? Faire évoluer le cadre d'exercice, implique de faire évoluer les formations, les décrets d'exercice et de transferts de tâches et les modes de rémunération. Des expériences étrangères (UK) ont expérimenté des modes de rémunération collective, à la performance qui intègrent aussi la notion de transfert d'activités entre professionnels.

La question des données de santé et notamment du partage des données patient, indispensable à l'organisation du travail en équipe reste encore un défi pratique pour les différentes formes de collaboration pluridisciplinaires et peu intégré dans les cultures professionnelles. Or il est nécessaire, en MSP, de partager les données administratives et du dossier patient, d'organiser les niveaux d'accès, de planifier les RV avec les différents professionnels.

Enfin, une redéfinition des cadres juridiques nous est suggérée, s'il le fallait, par les expériences étrangères, dans l'esprit de missions générales plutôt que de tâches spécifiques. En France ainsi, l'assouplissement des décrets d'actes constitue un préalable au renforcement des coopérations.

Mais, en conclusion, au-delà des obstacles techniques et juridiques, le développement des coopérations et des MSP pour la France nécessite de faire évoluer les cultures professionnelles vers plus de transdisciplinarité. Les médecins en particulier vont devoir apprendre à déléguer, tout en restant garants de la sécurité patient.


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