NEURO: Et si le cerveau contrôlait sa propre perte?
Cette étude a peut-être levé le mystère sur une partie mystérieuse du cerveau, avec des implications pour les maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer. En partant d'une forme neurologique du glaucome, ces chercheurs identifient un processus de compensation cérébrale de la vision, entre les 2 yeux. Les conclusions, publiées dans la revue Translational Vision Science & Technology qui suggèrent l'existence d'un mécanisme auto-neuroprotecteur, ouvrent une toute nouvelle voie de recherche.
La recherche porte précisément sur le glaucome, dont certaines formes sont à composante neurologique, et entraînent un déficit visuel parfois différent aux 2 yeux, l'un pouvant compenser l'autre. Les scientifiques ont longtemps pensé que la progression du glaucome n'est pas contrôlée par le cerveau. Cependant, plus récemment d'autres chercheurs ont suggéré que la progression du glaucome n'est pas aléatoire et que le cerveau pourrait bie être impliqué. Certains patients vont présenter une perte sévère de vision dans un œil, un maintien de la vision dans l'autre: cela suggère un type de communication entre les deux yeux qui ne peut se produire que dans le cerveau, expliquent les auteurs de l'Université du Texas (San Antonio).
Cet effet de compensation entre les 2 yeux qui commence dès les premiers stades du glaucome implique une zone du cerveau qui va chercher à « sauver » ou optimiser la vision face à la lente dégradation de la vision induite par le glaucome. Cette petite zone serait située très à l'arrière du cerveau et déjà connue sous le nom de « colonnes de dominance oculaire ». La nouvelle étude suggère que le cerveau coordonne le champ de vision de chaque œil à partir les espaces étroits séparant les colonnes de dominance oculaire liées à l'œil gauche et à l'œil droit. En fonction des besoins du cerveau, ces espaces étroits pourraient fonctionner avec les deux yeux, « un peu comme une personne bilingue vivant près de la frontière de deux pays », explique l'auteur.
Cependant, ces conclusions, qui remettent en cause les hypothèses de longue date sur le glaucome, sont accueillies avec scepticisme voire contestées par d'autres experts dans la même revue.
Et si le cerveau ne se laissait pas « aller » ? Mais l'hypothèse ouvre un nouveau paradigme et mérite néanmoins d'être poursuivie. Car le développement de la maladie d'Alzheimer et de la maladie de Parkinson suit un processus biologique neurodégénératif similaire à celui du glaucome. Cette étude suggère que le cerveau ne nous laisse pas perdre le contrôle de la même fonction des 2 côtés, si cela peut être évité. Il semble probable que le même mécanisme de protection puisse se mettre en oeuvre au cours du développement d'autres troubles neurodégénératifs.
Et si le cerveau pouvait réguler la neuro-dégénérescence, où « la façon dont il perd le contrôle »? Alors les chercheurs pourraient s'inspirer de ce processus endogène pour ralentir ou arrêter la progression de ces maladies.
Source: Translational Vision Science & Technology (ARVO) 2015 Jun 8 doi: 10.1167/tvst.4.3.7 Refined Frequency Doubling Perimetry Analysis Reaffirms Central Nervous System Control of Chronic Glaucomatous Neurodegeneration
doi:10.1167/tvst.4.2.8 Definitive Response to Denniss and Artes: The Paired Eyes and Brain in One Person Are One Unit
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