OBÉSITÉ: Pourquoi il vaut mieux prévenir que guérir
Les stratégies actuelles pour lutter contre l'obésité, qui se concentrent principalement sur la réduction des calories et l’augmentation de l'activité physique ne parviennent plus à aider la majorité des patients obèses à perdre du poids et à maintenir cette perte de poids. Aujourd’hui, la probabilité pour une personne obèse de retrouver un poids corporel normal est de 1 sur 210 pour les hommes et 1 à 124 pour les femmes, conclut une étude du King College de Londres présentée dans l'American Journal of Public Health. Une seconde étude, publiée dans la revue Obesity Research, confirme qu’en matière d’obésité, aujourd’hui, il vaut mieux prévenir que guérir. Car à valeur équivalente d'apport calorique ou de pratique de l'exercice physique, en 20 ans notre IMC a augmenté de plus de 2.
La première étude, publiée dans l'American Journal of Public Health a suivi, durant 10 ans, le poids de 278.982 participants, dont 129.194 hommes et 149.788 femmes via leurs dossiers de santé électroniques et a calculé la probabilité pour les participants obèses, soit de retrouver un poids de santé, soit de perdre 5% de leur poids corporel. Les patients ayant subi une chirurgie bariatrique ont été exclus de l'étude. L'analyse constate que,
· la probabilité annuelle pour un patient obèse d'atteindre une perte de poids de 5% est de 1 sur 12 pour les hommes et de 1 à 10 pour les femmes.
· qu'en cas de perte de poids de 5%, 53% des participants reprennent les kilos perdus dans les 2 ans et 78% dans les 5 ans,
· la probabilité pour une personne obèse de retrouver un poids corporel normal est de 1 sur 210 pour les hommes et 1 à 124 pour les femmes,
· la probabilité pour une personne sévèrement obèse de retrouver un poids corporel normal est de 1 sur 1.290 pour les hommes et 1 à 677 pour les femmes
Ces résultats, suggèrent déjà , sur un plan épidémiologique, que les programmes de gestion de poids axés sur les régimes et l'exercice ne sont pas assez efficaces dans la lutte contre l'obésité au niveau de la population générale.
La seconde étude, publiée dans la revue Obesity Research a regardé, justement, si la relation entre l'apport calorique, l'activité physique et l'obésité avait changé au fil du temps. Les chercheurs des Universités de Toronto et d'Alberta (Canada) ont analysé les données alimentaires de 36.377 adultes suivis durant 35 ans dans le cadre la cohorte NHANES (National Health and Nutrition Survey). Les données d'activité physique ont été prises en compte pour un sous-groupe de 14.419 adultes. L'analyse montre sur ces 35 ans (1971-2008) :
· une augmentation de 14% de l'IMC, de l'apport calorique total et de l'apport en glucides,
· une réduction de 5 à 9% des apports en la graisse et en protéines,
· sur la période 1988 à 2006,
Ø une augmentation de la fréquence de l'activité physique de 47 à 120%. pour une valeur donnée de l'apport calorique, ou d'activité physique, une augmentation de l'IMC jusqu'à 2,3 kg / m2 !
Ainsi des facteurs tout autres que le régime alimentaire et l'activité physique peuvent contribuer à l'augmentation de l'IMC au fil du temps. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour identifier ces facteurs et déterminer les mécanismes qui affectent le poids corporel. Les chercheurs évoquent les perturbateurs endocriniens, certains conservateurs ou édulcorants…ou encore l'évolution des activités professionnelles.
Quels que soient ces facteurs et ces mécanismes, il est clair que les stratégies actuelles pour lutter contre l'obésité doivent se concentrer principalement sur la prévention de l'obésité, car, une fois la prise de poids « installée », les chances de pouvoir l'éliminer sont infimes, même par le « régime » ou la pratique de l'activité physique.
Sources:
Obesity Research 14 September 2015 doi:10.1016/j.orcp.2015.08.007 Secular differences in the association between caloric intake, macronutrient intake, and physical activity with obesity
American Journal of Public Health 2015, doi: 10.2105/AJPH.2015.302773 Probability of an Obese Person Attaining Normal Body Weight: Cohort Study Using Electronic Health Records
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