THÉ ou CAFÉ: Lequel est meilleur pour le cœur?
Certes cette étude qui a suivi, durant 4 ans, plus de 130.000 participants a regardé les effets associés à la consommation des 2 boissons sur le risque de décès cardiovasculaire. Mais, finalement, sur ce point, elle n’aboutit qu’à des différences peu significatives. Cependant, ses conclusions, présentées au Congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC) révèlent des profils de risque inverses pour les buveurs de thé et de café, majoritairement liés à des modes de vie spécifiques. Car le gros consommateur de café a tendance à abuser du tabac et de la sédentarité.
L'étude a été menée par le Pr Nicolas Danchin* (Hôpital Hôpital européen Georges-Pompidou), auprès de 131.401 personnes âgées de 18 à 95 ans qui ont passé un bilan de santé au Centre d'Investigations Préventives et Cliniques (IPC) dans le cadre des Examens Périodiques de Santé de prévention de l'Adulte conventionnés par l'Assurance Maladie, entre janvier 2001 et décembre 2008 puis ont été suivies durant 3,5 ans en moyenne. Au cours du suivi, 95 décès de cause cardiovasculaire et 632 décès d'autres causes ont été constatés. La consommation (aucune, 1 à 4, ou plus de 4 tasses par jour) de café et/ou de thé des participants a été évaluée par questionnaire auto-administré.
L'analyse constate:
Pour le café :
- les buveurs de café présentent un profil de risque cardiovasculaire plus élevé que les non-buveurs, en particulier pour les fumeurs, le taux de tabagisme augmentant avec la consommation de café (17% des non-buveurs vs 57% chez les consommateurs de plus de 4 tasses par jour).
- Les non-buveurs de café sont plus actifs physiquement, 45% ont un bon niveau d'activité physique vs 41% chez les consommateurs de café.
- Les gros buveurs de café sont plus âgés que les non-buveurs, 44 ans vs 40 ans.
- Entre buveurs et non-buveurs, les différences de pression artérielle restent modestes, les grands consommateurs de café ayant une pression artérielle systolique un peu plus basse et une pression artérielle diastolique un peu plus haute vs non-buveurs, après ajustement pour l'âge.
Pour le thé :
- Les consommateurs de thé présentent un meilleur profil de risque cardiovasculaire que les non-consommateurs et le taux de tabagisme diminue avec la consommation de thé (34% des non-buveurs vs 29% des gros consommateurs de thé).
- L'activité physique augmente avec le nombre de tasses de thé consommées quotidiennement (46% des grands buveurs ont un bon niveau d'activité physique vs 43% pour les buveurs modérés),
- La consommation de thé entraîne un effet plus prononcé sur la pression artérielle que le café, avec une diminution de 4-5 mm Hg de la pression artérielle systolique et de 3 mmHg de la pression artérielle diastolique chez les grands consommateurs de thé vs non-consommateurs, après ajustement pour l'âge.
Les buveurs de thé ont donc le profil inverse des buveurs de café, et plus la consommation de thé est élevée, moins élevés sont les risques cardiovasculaire, de tabagisme et de sédentarité. Autre conclusion, les hommes ont tendance à boire du café beaucoup plus que les femmes, tandis que les femmes ont tendance à boire plus de thé que les hommes.
Enfin, si le thé réduit considérablement –de 24%- le risque de mortalité non-cardiovasculaire et montre aussi une petite tendance –non significative- à réduire le risque de décès cardiovasculaire, l'augmentation du risque de mortalité hors cardiovasculaire associée à la consommation de café se révèle en fait principalement liée au tabagisme : Cette augmentation disparaît en effet, après ajustement pour le tabagisme. En conclusion, ces deux boissons, parmi les plus consommées au monde, apparaissent ici associées à des modes de vie bien spécifiques.
*Le Pr Danchin est Praticien hospitalier et Chef de Service à l'Hôpital Européen Georges Pompidou, et Président du Centre d'Investigations Préventives et Cliniques IPC (lieu de l'Etude) et de son Comité Scientifique.
Source: ESC Congress et European Heart Journal 2014-Abstract 182 Coffee or tea consumption: no impact on cardiovascular mortality: the IPC cohort (Visuel © 2happy - Fotolia.com)
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