PARKINSON: Ralentir le vieillissement pour protéger les neurones à dopamine
Ralentir ou réduire le vieillissement est une fin en soi, mais la démarche peut avoir un avantage collatéral de taille: protéger nos cellules cérébrales de la maladie de Parkinson. C’est la conclusion de ces travaux du Van Andel Research Institute (Michigan) qui cherchent à « ralentir l'horloge » pour limiter les mutations pathogènes à l’origine de la maladie.
Les chercheurs montrent ici sur des modèles animaux que ralentir le vieillissement réduit la dégénérescence liée à la maladie de Parkinson, deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente avec plus de 10 millions de personnes atteintes dans le monde. Ralentir le vieillissement permet indirectement de limiter les symptômes handicapants de la maladie, comme le ralentissement du mouvement, le tremblement de repos, l'instabilité ou encore la rigidité, la perte de sens de l'odorat, les troubles du sommeil, la constipation et la dépression…Des symptômes qui mettent des décennies à se développer en cas de mutations de prédisposition héréditaires, présentes depuis la naissance.
Le vieillissement est le plus grand facteur de risque de développer Parkinson, soutient, avec cette étude, le Dr Jeremy Van Raamsdonk, auteur principal de l'étude. Les changements qui se produisent au cours du vieillissement contribueraient à rendre plus sensibles aux mutations pathogènes les neurones à dopamine, dont le dysfonctionnement est en cause dans la maladie, et à favoriser l'accumulation d'alpha-synucléine, une protéine également trouvée dans les cellules du cerveau de la plupart des patients atteints.
Retarder le vieillissement chez des vers Caenorhabditis elegans, modèles génétiques de la maladie de Parkinson, est la première étape des chercheurs. On sait que C. elegans en raison de son système nerveux simple et d'une manipulation génétique facile, est un modèle fréquemment utilisé pour tester de nouveaux traitements des maladies neurodégénératives. Précisément les chercheurs ont utilisé des vers soit exprimant le gène LRRK2 muté, soit le gène de l'alpha-synucléine muté, 2 facteurs génétiques de Parkinson croisés avec un ver à longue vie donc à vieillissement plus lent.
Ils montrent ainsi,
· qu'un vieillissement plus lent confère une protection contre la perte de neurones à dopamine et réduit la formation d'agrégats d'alpha-synucléine.
· En effet, les 2 modèles de parkinson à vieillissement lent perdent leurs neurones dopaminergiques à un rythme également beaucoup plus lent que leurs homologues ayant des durées de vie normales.
· Le ralentissement du vieillissement réduit également –toujours chez le ver- les déficits moteurs liés à la perte de neurones à dopamine et élimine la sensibilité au stress telle qu'observée chez les vers à durée de vie normale.
Du ver à l'Homme ? Il se trouve que la souche de ver de C. elegans à longue durée de vie a une mutation dans daf-2, un gène qui code pour une protéine de la voie de signalisation d'IGF-1 (Insulin-like growth factor) une hormone impliquée dans la durée de vie et la longévité chez les humains. Ce apparaît comme un premier indice ou confirmation pour identifier des voies impliquées dans la longévité, à cibler pour ralentir ou prévenir l'apparition de la maladie.
Ces travaux suggèrent ainsi que ralentir le vieillissement peut avoir des effets protecteurs sur les neurones qui pourraient être endommagés dans la maladie de Parkinson. « Il s'agit en effet aujourd'hui de tirer de ces nouvelles données, de nouvelles thérapies capables de ralentir, d'arrêter ou d'inverser la progression de la maladie », concluent les auteurs.
Enfin, on ne peut oublier, sur la corrélation vieillissement et Parkinson, Parkin, ce gène déjà impliqué dans la maladie, qui surexprimé, serait capable de retarder l'apparition du vieillissement et de prolonger la durée de vie…
Source: npj (Nature Publishing Group) Parkinson's Disease 19 Nov, 2015doi:10.1038/npjparkd.2015.22 Delaying aging is neuroprotective in Parkinson's disease: a genetic analysis in C. elegans models (Visuel "neurone dopaminergique" @Inserm)
Plus de 50 études sur la Maladie de Parkinson
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