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Pourquoi les médicaments inutiles font plus de mal que de bien

Actualité publiée il y a 9 années 1 mois 3 semaines
Bon usage

Un Français sur 2 en prend au moins un tous les jours, et les Français en consomment plus que tous les autres Européens, plus de 4 boîtes par mois. Réduire les surtraitements, comme les surdiagnostics est un objectif de santé publique majeur, à 2 titres, tant au niveau de l’individu que de la société. Au titre du déficit de la branche maladie, la plus déficitaire de la Sécurité Sociale et pour le bénéfice direct de l’usager de santé. Il parait donc important de rappeler les règles de base du bon usage du médicament.


Le bon usage se comprend, du point de vue clinique et pharmacologique, comme l'ensemble des conditions garantissant a priori un rapport bénéfice/risque et coût/efficacité optimisé pour un médicament. 3 conditions devront donc, globalement, être respectées :

1. La prescription et l'utilisation sont justifiées,

- tant dans l'absolu : le traitement par médicament est-il réellement nécessaire ?

- qu'en « comparatif » : le recours à ce médicament est-il justifié ?

2. Les paramètres spécifiques du sujet ont été pris en compte : Il s'agit des particularités pouvant motiver une attention particulière ou une contre-indication, comme des antécédents de maladies ou des comorbidités, des particularités génétiques, un état nutritionnel spécifique ou encore la prise concomitante d'autres traitements.

3. Les conditions de l'usage soit la dose, la fréquence de prise, la durée et la surveillance du traitement sont conformes à la notice et respectées par l'usager : Le patient doit respecter « une bonne observance ».

La iatrogénie ou les effets indésirables liés à des prescriptions non justifiées ou contre-indiquées est particulièrement fréquente dans les populations plus vulnérables, comme les personnes âgées, les nourrissons et jeunes enfants. Pour les personnes âgées, les études concluent à des pourcentages très élevés (jusqu'aux 2 tiers) de prescriptions a priori non justifiées ou non conformes aux recommandations.

Le cas des antibiotiques : alors que la consommation globale d'antibiotiques qui avait diminué de 2000 à 2008, repart à la hausse depuis 2010, au rythme de 6% en 3 ans, leur bon usage reste également à rappeler. Quelques chiffres : la France figure parmi les pays européens où la consommation des antibiotiques reste trop élevée, avec plus de 140 millions de boîtes vendues chaque année, soit plus de é boîtes par Français. La durée moyenne de traitement, toutes causes confondues reste élevée, de plus de 9 jours en moyenne. Ce niveau élevé de consommation, lié en partie à une utilisation fréquente hors prescription (antibiotiques restant dans l'armoire à pharmacie) ou à une mauvaise observance du traitement (prise prolongée par rapport à la prescription) favorise l'émergence des résistances bactériennes.

Un service d'information accessible à tous : sous le pilotage de la direction générale de la santé, la base de données publique des médicaments regroupe des données issues de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), de la Haute autorité de santé (HAS) et de l'Assurance maladie (CNAMTS). Ce service, accessible à tous, usagers ou professionnels de santé, fournit des informations sur l'intégralité des spécialités pharmaceutiques commercialisées sur le marché français ou dont l'arrêt de commercialisation date de moins de deux ans. Pour chaque médicament, l'usager va trouver :

· les indications et contre-indications,

· les précautions d'emploi,

· le prix,

· le taux de remboursement,

· des informations relatives à la sécurité d'emploi.

L'impact sanitaire et économique des prescriptions et de l'usage hors recommandations des produits de santé en France est considérable. Il est actuellement estimé à plusieurs centaines de milliers de cas et certainement plus de dix milliards d'euros, chaque année. Le bon usage du médicament est de la responsabilité de tous. De grands progrès restent à faire alors que les prescriptions inappropriées et l'usage irrationnel des médicaments représente a minima toujours 20 % des usages.

Une question qui se pose partout en Europe. Pour preuve, cet article d'opinion, publié dans le British Medical Journal qui appelle les patients à se demander si ils ont vraiment besoin d'un test ou d'un traitement, à s'enquérir sur les effets secondaires et indésirables, ou sur les autres options thérapeutiques possibles.


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