PRISONS: De nombreux décès de malades mentaux évitables

"Des centaines de décès de détenus dans les unités de santé mentale sont évitables", constate ce rapport de la Commission britannique Equality and Human Rights qui chiffre à 662 le nombre de malades mentaux détenus décédés au Royaume Uni sur 3 ans. Au-delà, un constat sur les principaux dysfonctionnements du système carcéral vis-à-vis de ces détenus et patients vulnérables.
Quelques chiffres sur la situation au Royaume-Uni, montrent l'ampleur de la maladie mentale en détention, une ampleur généralisable à la plupart des pays d'Europe : Le rapport fait état d'un taux de 92% chez les hommes détenus de psychose, névrose, trouble de la personnalité, abus d'alcool ou encore toxicomanie. Et 78% des détenus réuniraient au moins 2 de ces conditions. Concrètement cela représente aussi plus de 100 interventions des forces de l'ordre dans les prisons britanniques chaque semaine.
Ce récent bilan de la Commission britannique pour l'égalité et les droits de l'homme sur les décès de personnes atteintes de troubles de santé mentale pendant leur détention en garde à vue, en prisons ou détenus dans des hôpitaux psychiatriques (environ 50.000 personnes sur 1 année), visait à vérifier la prise en charge correcte de ces détenus. L'enquête a donc porté sur 2 droits fondamentaux, le droit à la vie et à la non-discrimination.
Le rapport fait état pour la période 2010-2013, de,
· 367 décès liés à des causes non-naturelles intervenus chez des détenus ayant des problèmes de santé mentale pendant leur détention dans les services psychiatriques et la garde à vue.
· 295 décès en prison, dont une grande majorité chez des détenus atteints de troubles de santé mentale.
De nombreux sujets de préoccupation, sont également identifiés et appellent certainement à une surveillance, au-delà des frontières du Royaume-Uni :
· le manque ou l'insuffisance de transmission d'informations entre professionnels,
· le défaut de surveillance des détenus à risque élevé de suicide,
· le défaut de surveillance des dispositifs d'immobilisation, fréquemment utilisés dans les TS,
· une sensibilisation et collaboration/participation insuffisante des membres de la famille,
· l'utilisation inappropriée de la détention,
· l'incapacité à apprendre et tenir compte, pour chaque détenu, de précédents incidents,
· l'opacité et la difficulté d'accès aux informations sur les décès non naturels dont aux rapports d'enquête,
· les données égarées…ou la non transmission de données de santé, dont mentale, aux personnels pénitentiaires,
· la disponibilité de médicaments et de drogues, en prison,
· l'intimidation, cause de dégradation de l'état mental du détenu,
· enfin, le manque de suivi, après la sortie est reconnu comme facteur majeur de décès.
La Commission britannique fait donc toute une série de recommandations pour tenter de combler les failles du système et appelle à prendre ces mesures de toute urgence à changer « fondamentalement de culture » pour remédier à cette prise en charge « inacceptable et insuffisante des détenus vulnérables ». Un état des lieux fondamental pour les personnels pénitentiaires et les personnels de santé qui travaillent avec des détenus/patients « psychiatriques ».
Source: Equality and Human Rights Commission February 23 2015 Preventing Deaths in Detention of Adults with Mental Health Conditions (PDF, 486kb) Deaths in detention of hundreds of people with mental health conditions could have been avoided, new Inquiry finds
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