Privation de SOMMEIL: A défaut de faire sa nuit, il vaut mieux s'alimenter de jour
Comment compenser la fatigue cérébrale, les déficits cognitifs et le gain de poids associés à la privation de sommeil ou au décalage de l’horloge biologique ? Cette étude de l’Université de Pennsylvanie suggère que c’est possible en modifiant l'horaire des repas et des collations. Les conclusions, présentées à la 29è Réunion annuelle des Sociétés savantes sur le Sommeil (Sleep 2015) suggèrent que manger moins ou s’abstenir de manger durant la nuit, peut réduire, dans une certaine mesure, le risque métabolique associé au manque de sommeil.
Manger moins, au cours de la nuit, même si l'on doit rester éveillé, peut contribuer non seulement à réduire les déficits de concentration et de vigilance qui accompagnent la privation de sommeil mais à éviter les apports alimentaires souvent excessifs à ces heures de la nuit : Ainsi, les adultes vont consommer environ 500 calories supplémentaires par repas lorsqu'ils s'alimentent durant la nuit, explique l'auteur principal, le Dr David F. Dinges, chef du département Sommeil et de chronobiologie.
Restriction alimentaire durant la nuit et vigilance :Une première étude, a été menée sur 44 participants, âgés de 21 à 50 ans, disposant d'un accès illimité à la nourriture et aux boissons durant la journée, autorisés à seulement 4 heures de sommeil par nuit durant 3 nuits.
- La 4è nuit, 20 participants ont bénéficié d'un accès continu aux aliments et aux boissons,
- 24 participants ont « été mis à l'eau » de 22 heures au moment du coucher, soit 4 heures du matin, dans l'expérience.
Chaque soir, durant les 4 jours d'étude, les participants passaient une série de tests destinés à évaluer leur mémoire de travail, leurs capacités cognitives, leur degré de somnolence, leur niveau de stress et leur humeur.
· Au cours de la 4è nuit, les participants qui avaient jeûné montrent de meilleurs résultats sur les capacités de réaction et d'attention que les participants qui s'étaient alimentés au cours de la nuit.
En conclusion, jeûner durant la nuit préserve des déficits de vigilance associés à la privation de sommeil.
Restriction chronique de sommeil et risque de prise de poids : Une étude 2013 de la même équipe de la « Penn Medicine » avait constaté que des heures de coucher tardives et une restriction chronique de sommeil augmentent le risque de prise de poids via l'augmentation de la prise alimentaire au cours des heures nocturnes.
Dans une étude complémentaire, menée auprès de 36 adultes en bonne santé, âgés de 21 à 50 ans, la même équipe montre que le manque de sommeil chronique réduit le métabolisme au repos. Dans cette étude,
- les 25 participants avaient été invités à prendre leur durée habituelle de sommeil, sur 2 nuits. Ensuite, ils n'étaient autorisés à ne passer que 4 heures au lit, durant 5 nuits, puis avaient droit à une nuit de récupération de 12 heures.
- 11 témoins pouvaient, en revanche, rester 10 heures au lit, durant les 6 nuits de l'étude.
· Dans le groupe expérimental, le taux métabolique au repos diminue après 5 nuits de restriction de sommeil et revient à ses niveaux de base après la nuit de récupération. Ce qui confirme qu'un apport calorique habituel risque d'entraîner un gain de poids.
· Chez les sujets témoins, aucun changement dans le taux métabolique au repos n'est observé.
En conclusion, l'insuffisance de sommeil réduit le taux métabolique au repos et favorise ainsi la prise de poids.
Ces recherches rappellent ainsi,
· qu'un sommeil de (trop) courte durée est un facteur de risque important de gain de poids et d'obésité,
· que la réduction de l'apport calorique –de nuit- peut contribuer à prévenir ce gain de poids ainsi que le risque de comorbidités associées à l'obésité, telles que la maladie coronarienne, l'hypertension artérielle (HTA), l'accident vasculaire cérébral (AVC), le diabète de type 2, le cancer, l'apnée du sommeil, 'autres problèmes de santé…
Bref, à défaut de « faire sa nuit », il faut s'alimenter de jour.
Source: SLEEP 2015- Abstract # 0317 et Abstract # 0332 Eating less during late night hours may stave off some effects of sleep deprivation
Lire aussi: HORLOGE BIOLOGIQUE: Comment les horaires décalés affectent la santé –
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