PSYCHO et DOGMATISME : Pourquoi est-on certain d'avoir toujours raison ?
Pourquoi certaines personnes sont-elles si sûres d’avoir raison ? Cette recherche présentée dans le Journal of Religion and Health, contribue à éclairer ces positions extrêmes ou « dogmatisme » fréquemment en lien avec la religion, la politique et d’autres « dogmatismes » qui apparaissent de plus en plus répandus dans nos sociétés. Ainsi, bien au-delà du dogmatisme religieux, le dogmatisme s'applique à toute croyance fondamentale, y compris aux …habitudes alimentaires, végétariennes, végétaliennes ou omnivores. Bref, quel que soit le dogmatisme considéré, c’est finalement le partage d’opinions et la remise en question que ces chercheurs de la Case Western Reserve University (Cleveland) espèrent améliorer avec ces données.
Les sujets dogmatiques font une confiance aveugles à leurs croyances, même lorsque les experts et les éléments de preuve s’inscrivent en faux. 2 études, basées sur des enquêtes menées sur plus de 900 personnes, examinent les caractéristiques de ce type de personnalités habitées par le dogmatisme, à la fois dans des communautés religieuses ou athées. Ces recherches identifient des similitudes et des différences importantes de facteurs de dogmatisme au sein de ces deux groupes.
- Dans la première étude, 209 participants chrétiens, 153 participants non-religieux, 9 participants juifs, 5 participants bouddhistes, 4 participants hindous, un participant musulman et un participant d’une autre religion ont passé un test évaluant le dogmatisme, l’empathie, la capacité de raisonnement analytique et l’ouverture aux autres. L’analyse montre que les participants religieux présentent, dans l’ensemble un degré plus élevé de dogmatisme, d’empathie et d'intentions prosociales, tandis que les non-religieux se fient principalement au raisonnement analytique. De plus, chez les participants non-religieux, moins la religion est présente, plus le dogmatisme est fort.
- La deuxième étude, menée auprès de 210 participants chrétiens, 202 non-religieux, 63 hindous, 12 bouddhistes, 11 juifs, 10 musulmans et 19 participants d’autres religions, valide une grande partie des résultats de la première étude, avec une donnée supplémentaire : Plus le sujet est psychorigide, qu'il soit religieux ou non, moins il considère la perspective des autres.
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Sentiment moral et religion : l’analyse fait ressortir 2 grandes conclusions :
-la capacité de raisonnement critique d’un sujet est inversement associée à sa propension au dogmatisme ;
-les principes moraux influencent cependant très différemment la pensée dogmatique, au sein de ces groupes, religieux et non-religieux.
Ainsi, les personnes religieuses « s'accrochent » à certaines croyances, en particulier à celles qui défient le raisonnement analytique, parce que ces croyances alimentent leurs sentiments moraux. Cette résonance émotionnelle les aide à se sentir plus sûrs d’eux-mêmes, ce qui conforte leur pensée et à nouveau leurs convictions.
En revanche, chez les personnes non-religieuses, les préoccupations morales sont plutôt source de remise en question, expliquent les chercheurs.
La compréhension de ces comportements et processus de pensée peut évidemment suggérer un moyen de communiquer efficacement avec les extrêmes, écrivent les auteurs : faire appel au sentiments moraux d'un dogmatisme religieux et à la logique d'un sujet dogmatique non-religieux augmente les chances de « pouvoir faire passer un message », ou, du moins d’obtenir un début d’écoute.
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Mais où est passée l’empathie ? Si (toujours) plus d'empathie peut sembler souhaitable, une empathie non tempérée peut aussi être dangereuse, relèvent les auteurs, qui donnent pour exemple les actes impardonnables commis par des soi-disant redresseurs de torts. Ou encore, à « l’extrême-extrême », celui d’athées militants qui, en dépit d'avoir organisé leur vie autour de la pensée critique, deviennent incapables de percevoir le moindre côté positif de la religion, parce que cela contredit leur pensée scientifique et analytique.
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Deux réseaux cérébraux : ces résultats appuient également les théories de précédentes études identifiant  2 réseaux cérébraux distincts, en tension l’un avec l’autre, l'un pour l'empathie et l'autre pour la réflexion analytique. Ainsi, chez les personnes en bonne santé mentale, le processus de réflexion découle d’un compromis entre les deux, en choisissant finalement le réseau le mieux approprié à la question considérée. Dans le dogmatisme religieux, le réseau empathique semble dominer, dans l'esprit du sujet dogmatique mais non religieux, c’est le réseau analytique qui domine.
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