PSYCHO: Le matérialisme rend-il plus heureux?
Ces 6 questions adressées au Pr Tim Kasser de l’American Psychological Association (APA) permettent d’avoir une vision plus précise de la signification, de l’image et des implications du matérialisme dans notre société de consommation d'aujourd'hui. Une vision à propos, en ces périodes de Fêtes qui nous permet de prendre un peu de recul, même si… un peu de matérialisme n’est pas toujours une mauvaise chose.
Le psychologue associe le matérialisme au fait de donner priorité ou de l'importance à la possession de biens et d'argent mais aussi à l'objectif d'avoir une image sociale positive ce que permet justement l'argent et les possessions. Si le matérialisme est considéré par la majorité d'entre nous comme un comportement négatif, c'est principalement en raison des expériences négatives vécues avec des personnes "matérialistes" : Ainsi, dans notre société, le matérialisme reste en effet associé à la compétition, la manipulation et l'égoïsme, des comportements par ailleurs encouragés par certains aspects de notre système économique capitaliste. Du point de vue du système économique d'ailleurs, le matérialisme de l'individu est plutôt positif.
2 types de facteurs ont été mis en évidence par les recherches sur le sujet :
- L'exposition continue à des messages qui incitent à ce type de comportement, en provenance des médias, mais aussi de l'entourage,
- Le sentiment d'une menace, d'une peur de la mort ou d'une inquiétude économique.
Ainsi, les recherches ont démontré l'association entre l'exposition à la télévision (et à la publicité) et le niveau de matérialisme.
Une étude a même démontré, au niveau macro-économique le lien entre les investissements publicitaires nationaux et le niveau de comportement matérialiste dans la jeunesse américaine. Une autre étude portant sur la jeunesse américaine et arabe constate une association positive entre matérialisme et usage des médias sociaux, en toute logique, puisque la plupart des médias sociaux affichent également de la publicité.
2 types de matérialistes : Il y a les matérialistes « pingres », qui vont accumuler en dépensant le moins possible toutefois et les matérialistes plus « débridés », qui vont dépenser et dépenser. Entre matérialisme et achats compulsifs, le lien est clair pour les psychologues, la consommation compulsive procédant du matérialisme soit du désir de posséder encore plus. L'intervenant cite une récente méta-analyse qui suggère l'association positive entre matérialisme, consommation compulsive et l'association négative avec le bien-être. Le matérialisme apparait donc comme un facteur de risque de consommation compulsive mais aussi de moindre bien-être.
Matérialisme et bonheur : Comme l'argent ne fait pas le bonheur, le matérialisme n'est pas associé à plus de bien-être ou de satisfaction de vie. L'intervenant rapporte une méta-analyse menée par son équipe qui conclut à la relation négative entre matérialisme et le bien-être et cela de manière homogène quelle que soit le mode d'évaluation du matérialisme et les profils sociodémographiques. Plus fortement les gens approuvent les valeurs matérialistes, plus ils connaissent des émotions négatives, la dépression et l'anxiété, plus ils rapportent aussi des problèmes de santé, comme des maux d'estomac et de tête. En conclusion, moins ils sont satisfaits de leur vie.
D'autres études ont également associé matérialisme et comportement moins prosocial, plus anti-écologique, et même à des niveaux scolaires ou diplômes moins brillants. Enfin, le matérialisme est fréquemment associé à des problèmes de budget et de dettes…
Religion et matérialisme : Il y a conflit entre activités matérialistes et croyances religieuses : quelques études suggèrent une relation encore plus négative entre matérialisme et le bien-être chez les personnes qui sont religieuses. Certains objectifs de possession sont en effet en contradiction avec certains dogmes religieux. Tenter de poursuivre à la fois des objectifs matérialistes et spirituels pousse au stress et, là encore, à un moindre bien-être.
Cela se joue aussi en période de Noël, conclut le Psychologue. La plupart d'entre nous nous concentrons autour d'objectifs matérialistes comme les dépenses de cadeaux et de réception, moins sur des objectifs spirituels. Ainsi, il semblerait- constate Tim Kasserest- que Noël est plus joyeux quand la spiritualité est prioritaire sur les aspects matérialistes. A méditer.
Source: APA What Psychology Says About Materialism and the Holidays
Intervenant : Tim Kasserest. Professeur de psychologie au Knox College (Illinois), Tim Kasserest s'est spécialisé dans le matérialisme et le bien-être. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont « The High Price of Materialism” (2002) et “Psychology and Consumer Culture” (2004) et a occupé les fonctions de rédacteur en chef adjoint du Journal of Personality and Social Psychology, une revue de l'APA.
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