SCHIZOPHRÉNIE: Découverte d'une cause épigénétique et traitement à la clé
Ce sont les chercheurs du Scripps Research Institute (La Jolla) qui viennent de découvrir cette malformation de l'ADN, trop étroitement enroulé dans certaines cellules du cerveau, chez les sujets schizophrènes. Ces résultats, publiés dans la revue Translational Psychiatry du groupe Nature, suggèrent aussi que certains médicaments déjà en développement pour d'autres maladies pourraient offrir de un espoir pour le traitement de la schizophrénie.
Cette recherche montre que le déficit identifié est particulièrement prononcé chez les jeunes, ce qui signifie qu'un traitement précoce pourrait être plus efficace pour minimiser, voire inverser les symptômes de la schizophrénie, tels que les hallucinations, les délires, les troubles émotionnels …
Le Professeur Elizabeth Thomas, le neuroscientifique qui a dirigé l'étude explique que les essais cliniques de traitements déjà en cours de développement pourraient bénéficier d'une procédure accélérée. Sa recherche est dans la lignée de précédentes études suggérant que des changements au niveau cellulaire jouent un rôle important dans la maladie. Ces effets dits épigénétiques modifient la fonction des gènes sans changer le code ADN.
Au centre de la recherche épigénétique, les histones. Ce sont des protéines qui s'enroulent autour de l'ADN, mais lorsque les histones sont acétylées, des portions d'ADN sont exposées, permettant les gènes de fonctionner. Les complexes histones-ADN, appelés chromatines (voir visuel), sont en constante évolution, ne permettant pas d'identifier de bonnes ou mauvaises configurations. Tout est une question d'équilibre, explique la scientifique et un déséquilibre peut causer ou aggraver une maladie. Mais, si certaines portions de gènes restent bloquées en raison d'absence d'acétylation des histones, alors les gènes peuvent être « éteints ». De nombreuses recherches ont montré qu'une acétylation altérée peut être un facteur clé de troubles neurodégénératifs comme la maladie de Huntington et la maladie de Parkinson.
Un manque d'acétylation des histones bloque l'expression de certains gènes : Le Pr. Thomas avait déjà étudié le rôle de l'acétylation des histones dans la maladie de Huntington et s'est demandé si des mécanismes similaires existaient dans la schizophrénie. Les chercheurs ont travaillé sur des échantillons de cerveaux post mortem de schizophrènes, sont parvenus à maintenir les interactions ADN-histones post mortem et ont pu étudier les altérations des histones. Comparé à des cerveaux sains, les échantillons des cerveaux de sujets schizophrènes montrent des niveaux inférieurs d'acétylation des histones dans certaines parties qui bloquent l'expression des gènes. Chez les sujets jeunes atteints de schizophrénie, cette constatation est beaucoup plus prononcée.
Les chercheurs doivent donc trouver « le moyen » de rétablir cette acétylation : Sur la base des résultats plus prononcés sur les jeunes cerveaux, le traitement par inhibiteurs d'histone déacétylase (HDAC) pourrait bien se révéler adapté. Alors que les médicaments actuels de la schizophrénie ne traitent que certains symptômes, les HDAC pourraient traiter efficacement une des causes de la maladie.
Un traitement qui pourrait également, selon les chercheurs, s'avérer également efficace pour certains déficits cognitifs qui affectent les personnes âgées qui ont en commun, avec la schizophrénie, ces anomalies du cerveau.
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