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STRESS POST-TRAUMA : L'ecstasy pour l’effacer ?

Actualité publiée il y a 2 années 8 mois 1 semaine
ACS Spring 2022
Psilocybine, kétamine, certaines substances mieux connues dans leur usage récréatif commencent à être solidement documentées pour leurs bénéfices dans le traitement des troubles anxieux, de la dépression et autres troubles de la santé mentale (Visuel Adobe Stock 192084579)

Psilocybine, kétamine, certaines substances mieux connues dans leur usage récréatif commencent à être solidement documentées pour leurs bénéfices dans le traitement des troubles anxieux, de la dépression et autres troubles de la santé mentale. Cette étude cependant est l’une des premières à mettre en avant l’effet bénéfique de l’ecstasy (ou MDMA : 3,4-méthylènedioxy-méthamphétamine) qui, combinée à une psychothérapie intense, améliore les symptômes du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Ces nouvelles données, présentées lors du congrès de l’American Chemical Society (ACS) Spring 2022, mettent en avant un effet libération d'ocytocine dans le cerveau, qui crée des sentiments de confiance et de proximité « qui peuvent vraiment aider dans un cadre thérapeutique ».

 

Les chercheurs de l'Université de Californie à San Francisco rappellent que le trouble de stress post-traumatique (SSPT) touche des millions de personnes chaque année, principalement des survivants et des témoins d'événements terrifiants dont les guerres, les catastrophes naturelles ou les agressions. Les traitements disponibles ne fonctionnent pas chez tous les patients et il existe un besoin important de nouvelles thérapies. C’est pourquoi ces résultats d’un essai clinique de phase III portant sur la MDMA mieux connue sous le nom d’ecstasy, associée à une psychothérapie pour le traitement de SSPT semblent ouvrir une nouvelle alternative thérapeutique prometteuse.

Une alternative possible pour les patients résistants aux antidépresseurs

Cet essai est dans la lignée des recherches de plus en plus nombreuses sur les bénéfices possibles, dans certaines situations cliniques et pour le traitement des troubles psychiatriques, des substances psychédéliques (mescaline, la psilocine…). Une idée pas forcément très nouvelle, relève l’auteur principal, le DrJennifer Mitchell : dès les années 70 en effet, certains psychiatres utilisaient la MDMA dans le cadre de la psychothérapie, en dépit de l’absence de preuves scientifiques formelles de son efficacité, d'essais cliniques ou d'approbation des agences sanitaires.

 

La MDMA, un empathogène prometteur : la NMDA entraîne en effet la libération d'ocytocine dans le cerveau, ce qui crée des sentiments de confiance et de proximité utiles dans ce cadre thérapeutique. Des études chez l’animal ont montré que la MDMA permet de reconsolider ou traiter les souvenirs de peur dans l'amygdale.

 

L’essai de phase III mené auprès de 90 patients atteints de SSPT sévère, en double aveugle et contrôlée par placebo sur la NMDA combinée à la psychothérapie montre que la NMDA permet d’augmenter l'efficacité de la psychothérapie dans le traitement du SSPT : les patients atteints de SSPT ont un risque plus élevé de dépression, d'anxiété, de troubles liés à l'utilisation de substances et de suicide. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) constituent le traitement de première ligne mais ne sont efficaces que pour la moitié des patients. Enfin, de très nombreux patients ne répondent pas ou arrêtent de suivre leurs séances de psychothérapie. Alors que lors d’essais de phase II, les chercheurs avaient déterminé la dose orale optimale de MDMA (soit une dose complète, suivie d'une demi-dose une heure plus tard) l'essai de phase III a testé l’efficacité d’une séance de thérapie de 8 heures, après la demi-dose. Le processus a été répété 2 fois, à un mois d'intervalle et en plus de la psychothérapie hebdomadaire. L’analyse constate que :

 

  • 8 mois après la dernière séance, environ les 2 tiers des participants ayant suivi une thérapie avec MDMA ne répondent plus aux critères de diagnostic clinique du SSPT,
  • vs un tiers des participants ayant suivi la psychothérapie mais n’ayant pas reçu de NMDA ;
  • les effets secondaires de la MDMA s’avèrent légers (serrement de la mâchoire, nausées…), et aucun signe de dépendance n’est constaté ;
  • l'effet de la thérapie combinée MDMA + psychothérapie est meilleur que celui des ISRS pour le SSPT.

 

Vers une demande d’approbation : l’équipe recrute actuellement des participants pour un deuxième essai de phase III, et en cas de validation de ces résultats, une demande d’approbation pourrait être effectuée auprès de l’Agence américaine FDA dès 2023. Enfin, les chercheurs soulignent l’efficacité de cette nouvelle thérapie combinée chez des patients résistants au traitement ISRS.  « Il faudra également déterminer quelle est la durée des effets ». Cependant, les participants aux premiers essais cliniques ont bénéficié d’améliorations durant des années.

 

Des résultats prometteurs, qui ne doivent pas inciter les personnes atteintes de SSPT à s'auto-médicamenter avec de la MDMA, soulignent les auteurs.


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