TABAC: La mutation qui fait fumer 3 fois plus
C’est l’estimation d'une équipe du CNRS, avec cette étude sur l’animal qui suggère le rôle d’une mutation génétique, fréquente chez l’Homme, dans la dépendance tabagique. La mutation, en inhibant partiellement la récompense à la nicotine, appelle ainsi à la consommation d’une dose de tabac 3 fois plus importante pour obtenir la même quantité de plaisir. Les conclusions, publiées dans la revue Molecular Psychiatry, ouvrent la voie au développement de traitements de sevrage tabagique ciblés sur cette prédisposition génétique.
Lorsque l'on fume, la nicotine se fixe aux récepteurs nicotiniques, ce qui entraine l'activation du « circuit de la récompense ». La consommation de tabac d'un individu est donc fortement liée à la sensibilité de ces récepteurs nicotiniques. Or cette mutation génétique identifiée affecte le récepteur neuronal à la nicotine, perturbe son fonctionnement et provoque une inactivation partielle du « circuit de la récompense », explique le communiqué du CNRS. Sur le visuel ci-contre, la mutation génétique humaine régulant la dépendance à la nicotine est exprimée en vert (dans le cortex de souris génétiquement modifiées).
Un lien entre un marqueur de prédisposition humaine, son expression dans les neurones dopaminergiques et les doses de nicotine : Dans cette étude, les chercheurs identifient l'effet régulateur clé d'une protéine (α5 *-nAChRs) sur les neurones dopaminergiques, qui détermine la dose de nicotine et donc le seuil de dépendance. La variation génétique entraîne une perte partielle de la fonction de la protéine, qui conduit à une augmentation de la consommation de nicotine.
Pour combler cette baisse de sensibilité à la nicotine et parvenir au même niveau de bien-être, le sujet doit donc fumer plus. L'étude montre ainsi que les porteurs de cette mutation ont besoin d'une dose de tabac 3 fois plus importante pour obtenir la même quantité de plaisir qu'un sujet non porteur.
La mutation identifiée serait présente chez 35% des européens et près de 90% des gros fumeurs, selon de précédentes études.
Source: Molecular Psychiatry 3 décembre 2013 doi:10.1038/mp.2013.158 Nicotine consumption is regulated by a human polymorphism in dopamine neurons (Visuel© Institut Pasteur et © Arūnas Gabalis - Fotolia.com)
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