TOXICOMANIE: La dépendance a sa voie de neurotransmission
Une nouvelle forme de neurotransmission impliquée dans la dépendance aux drogues comme la cocaïne et les opiacés, vient d’être identifiée par ces chercheurs de l’Université d’Iowa. Leurs conclusions, publiées dans la revue Nature Neuroscience, suggèrent que l’identification de cette nouvelle cible moléculaire et son ciblage peuvent conduire à un tout nouveau traitement de la toxicomanie.
Une nouvelle voie qui implique les canaux ioniques sensibles aux acides (ASIC : acid-sensing ion channel), des canaux ioniques particulièrement présents dans le noyau accumbens, une zone du cerveau impliquée dans la dépendance :
Le Pr John Wemmie, professeur de psychiatrie, et son équipe, montrent ici, chez la souris, que la suppression de l'activité des ASICs dans le noyau accumbens pousse les souris à augmenter encore leur consommation de drogue et donc à l'addiction. Ainsi,
· l'animal, privé d'ASICs montre une préférence pour le côté alimenté en cocaïne de la cage, bien plus fortement que les souris témoins, ce qui suggère un comportement de dépendance.
· Le même résultat est observé pour la morphine.
· De la même manière, les souris privées d'ASICs vont s'autoalimenter via un petit levier plus fréquemment en cocaïne.
· A l'inverse, une surexpression d'ASICs semble diminuer l'appétence de l'animal pour la cocaïne.
ASIC ? Les canaux ioniques sensibles aux acides sont activés par un acide, sous la forme de protons. Ces protons et les ASICs forment une paire de neurotransmetteurs jusque-là inconnue qui constitue une nouvelle voie de communication entre les neurones ou voie de neurotransmission. Et cette voie s'avère impliquée dans l'apprentissage et la mémoire, la peur, et ici la dépendance.
Manipuler les ASICs ou « leurs » acides pourrait ainsi constituer une nouvelle voie pour traiter la dépendance.
Une affaire de plasticité : De précédentes recherches antérieures ont montré que la toxicomanie modifie physiquement les synapses ou connexions entre les neurones en augmentant, mais anormalement, la plasticité synaptique. L'étude constaté que l'absence de cette « nouvelle » neurotransmission via ASICs ou la suppression de l'activité des ASICs modifie la plasticité synaptique comme le ferait le sevrage et même chez l'animal « non dépendant ».
En conclusion, cette voie de neurotransmission via ASICs dans le noyau accumbens pourrait être ciblée pour stabiliser les synapses. Ainsi, si la thérapie est encore loin, la cible est bien là , concluent les auteurs. Et si ces mécanismes s'appliquaient également aux substances autres que la cocaïne et la morphine, cette voie pourrait être utilisée pour cibler, plus largement, la dépendance.
Autres actualités sur le même thème
-
AUTISME : Rétablir le circuit cérébral qui contrôle le comportement social
Actualité publiée il y a 6 années 11 mois -
SUICIDE chez l'Ado: STOP Project, l'initiative européenne qui dit stop
Actualité publiée il y a 12 années 2 mois -
DÉPRESSION : Des champignons magiques pour rebooter le cerveau
Actualité publiée il y a 7 années 2 mois -
SCHIZOPHRÉNIE: Des chercheurs inversent ses symptômes sur la souris
Actualité publiée il y a 11 années 7 moisLa schizophrénie touche environ 1% de la population et ses principaux symptômes sont des hallucinations, la dépression et des altérations de la pensée et du...