TUBERCULOSE : Une nouvelle génération de médicaments efficace contre la MDR-TB
Chaque année, 10 millions de personnes contactent la tuberculose (TB), 1,5 million en meurent, dont plus de 250.000 personnes vivant avec le VIH. 40% des formes de la maladie sont résistantes aux traitements de première ligne. En révélant l’efficacité de nouveaux schémas thérapeutiques pour la tuberculose multirésistante (MDR-TB) chez 85% des patients d'une cohorte dont la plupart présentaient des comorbidités sévères, cette équipe de l’École de médecine de Harvard apporte un immense espoir pour mieux faire face à la maladie et à l’émergence de formes de plus en plus résistantes.
La MDR-TB constitue une menace grave pour la santé dans le monde : causée par Mycobacterium tuberculosis, c’est toujours aujourd’hui l'une des maladies les plus mortelles au monde. L'infection atteint généralement les poumons mais peut aussi affecter d'autres organes comme le cerveau et les reins. Plus de 40% des souches sont résistantes aux traitements de première ligne, et ce phénomène s’amplifie depuis plusieurs années. Après la TB, la MDR-TB, la XDR-TB, la TDR-TB (totally drug-resistant), et de nouvelles formes totalement incurables émergent. Ce phénomène commence lorsque la souche devient résistante à l'isoniazide et la rifampicine, les 2 médicaments puissants les plus couramment utilisés pour traiter la maladie.
De nouveaux schémas thérapeutiques relèvent le défi de la multirésistance
Cette étude internationale montre que de nouveaux schémas thérapeutiques s’avèrent efficaces et de manière précoce, chez 85% des patients d'une cohorte comprenant de nombreux participants atteints de comorbidités graves, une condition qui les aurait exclus des essais cliniques. Ces résultats sont donc intéressants à la fois en termes d’option thérapeutique, mais aussi de type de patients cibles. Compte tenu de la norme de soins historique et de certains schémas thérapeutiques plus récents, certains sous-groupes de patients, dont les patients infectés par le VIH, l'hépatite C ou le diabète, obtiennent de moins bons résultats thérapeutiques que les patients exempts de ces conditions. Enfin, ces comorbidités excluent ces patients des essais cliniques.
Cette analyse de données d'observation d'une cohorte menée dans 17 pays et comportant plus de 1.000 patients atteints de MDR-TB suivis entre avril 2015 et mars 2018 et traités durant 15 mois ou plus, conclut :
- à une réponse précoce et positive au nouveau traitement similaire chez les patients exempts de comorbidités graves ou autres facteurs de complication et chez les patients atteints de diabète, d'hépatite C et de pharmacorésistance sévère ;
- les patients atteints de tuberculose sévère au début du traitement ont obtenu néanmoins de moins bons résultats que les patients atteints d'une forme moins sévère de la maladie ;
- 68% des participants atteints d’une forme sévère de TB ont répondu précocement et favorablement au nouveau schéma vs 89% pour les participants avec forme moins sévère ;
- le taux de réponse est de 73% chez les patients avec co-infection par le VIH vs 84% chez les participants non infectés, ce qui est un bon résultat.
L’urgence d’une révision des protocoles de traitement : l’étude souligne la nécessité et l’urgence d'élargir l'accès à des médicaments antituberculeux récemment développés (approuvés par l’Agence américaine FDA en 2010), la bédaquiline et le délamanide. Cette ouverture à de nouveaux schémas thérapeutique pourrait réduire considérablement les 40% de cas ne répondant pas à la norme actuelle de soins ; cette conclusion est soutenue par l’annonce récente d'une réduction du prix de ces médicaments mais devrait être suivie d’une révision des recommandations de traitement ;
Enfin, la confirmation des résultats de fin de traitement/d'étude, qui doit intervenir prochainement, devra être prise en compte.
« Cependant ces résultats préliminaires apportent déjà des preuves convaincantes de l’efficacité de ces nouvelles options, qui constituent une alternative précieuse aux schémas historiques qui n’atteignent qu’environ 60% de taux de succès en fin de traitement », conclut l’auteur principal, le Dr Mitnick, auteur principal de ces essais cliniques.
Rappelons que si la tuberculose a presque disparu dans les pays riches, elle reste une menace critique dans les communautés à faibles ressources. Une grande partie du défi du traitement de la tuberculose multirésistante consiste à trouver des schémas thérapeutiques qui peuvent fonctionner dans ces régions et chez des groupes de population démunis, sous-alimentés ou atteints de comorbidités.
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