ACOUPHÈNES : Et si c’était un excès d’AINS ?
Cette équipe du Brigham and Women's Hospital (BWH) révèle ici une association possible entre l’utilisation fréquente d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et un risque accru de 20% d’acouphènes. C’est aussi le cas avec des antalgiques courants comme le paracétamol (acétaminophène) et l’aspirine, conclut également l'étude. Ces conclusions, présentées dans le Journal of General Internal Medicine (JGIM), rappellent que les analgésiques doivent être utilisés si possible à court terme et posent la question de la disparition des acouphènes avec l’arrêt du médicament.
Les acouphènes sont un trouble auditif courant caractérisé par un bourdonnement continu dans les oreilles, qui peut être très handicapant. Ce trouble échappe en partie à la compréhension scientifique et il n’existe pas de traitement curatif. On estime qu'1 Français sur 4 est touché par les acouphènes, qu'1 personne sur 2 a déjà fait l'expérience des acouphènes et qu'1 personne sur 2 connaît quelqu'un qui souffre d'acouphènes. Pourtant, 51% des personnes souffrant d’acouphènes n'ont jamais consulté. De nombreux facteurs ont été évoqués, dont des lésions aux cellules ou aux cils de l'oreille interne, une perte d'audition liée à l'âge ou presbyacousie, l'exposition à des niveaux de bruit élevés, l’accumulation de cérumen ou une otospongiose de l'oreille moyenne. C’est l’une des premières études à mettre en cause la prise d’analgésiques.
Les analgésiques en vente libre (OTC), tels que l'aspirine, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et l'acétaminophène, sont parmi les médicaments les plus couramment utilisés, largement disponibles sans ordonnance et perçus comme sûrs. Mais on sait aujourd’hui que leur utilisation fréquente ou à long terme peut entraîner de nombreux effets indésirables.
L’étude, longitudinale, a cherché à savoir si l'utilisation fréquente de doses normales d'analgésiques courants, dont l'aspirine à dose faible à modérée, les AINS et l'acétaminophène ou l'utilisation d'inhibiteurs de la COX-2 (un type d’AINS sur ordonnance), est indépendamment associée au risque d’acouphènes chroniques persistants. La recherche a suivi 69.455 participantes à l’étude Nurses’ Health Study II (NHSII) dans le cadre du programme de recherche Conservation of Hearing Study (CHEARS), une vaste enquête longitudinale portant sur les facteurs de risque de perte auditive et d'acouphènes. Les participantes étaient âgées de 31 à 48 ans à l’inclusion et ont été suivies pendant plus de 20 ans. Les participants ont renseigné leur utilisation d'analgésiques. L’analyse confirme que :
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l'utilisation fréquente d'AINS ou d'acétaminophène, d'inhibiteurs de la COX-2 est en effet associée à un risque plus élevé de 20% d'acouphènes ;
- cette association apparait dose-dépendante ;
- l’utilisation fréquente d'aspirine à faible dose (≤ 100 mg) n'augmente pas le risque ;
- l'utilisation fréquente d'aspirine à dose modérée est associée à un risque plus élevé de 16 % d'acouphènes persistants chez les femmes de moins de 60 ans.
S’il s’agit d’une étude observationnelle ne permettant pas de confirmer un lien de causalité, elle est menée sur un très large échantillon et une longue durée de suivi. Ses résultats suggèrent donc avec une forte probabilité, que les utilisateurs d'analgésiques sont plus à risque de développer des acouphènes.
« Les analgésiques peuvent donc être considérés comme des déclencheurs possibles de ce trouble difficile », conclut l’auteur principal, le Dr Sharon Curhan, du BWH. « Même si ces analgésiques sont largement disponibles sans ordonnance, ce sont toujours des médicaments et il y a des effets secondaires possibles. À toute personne qui envisage de prendre ces types de médicaments régulièrement, il est conseillé de consulter un professionnel de la santé pour discuter des risques et des avantages et étudier les alternatives possibles ».
Enfin, il sera instructif d'examiner si l'évitement des analgésiques peut permettre de soulager les acouphènes.
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