CANCER: Le traitement du futur pourrait être un tir groupé ou polypharmacologie
Toujours à la recherche de médicaments plus efficaces mais moins toxiques contre le cancer, les chercheurs, ici de l'Université de Californie San Francisco (UCSF) et du Mont Sinaï (New York), travaillent sur une nouvelle approche multi-cibles, appelée polypharmacologie, une sorte de tir groupé ciblé sur plusieurs molécules spéciales qui, globalement, vont réussir à perturber l'ensemble du processus de la maladie. Ce travail soutenu par l'American Cancer Society, la Fondation Waxman, et les National Institutes of Health, publié dans l’édition du 7 juin de la revue Nature, ouvre la perspective de traitements plus efficaces et moins toxiques.
Cette nouvelle approche de conception de médicaments, mise au point par un groupe de chercheurs américains, consiste à chercher des balles intelligentes (magic bullets) ou produits chimiques qui attaquent chacun spécifiquement un gène ou une protéine impliquée dans une étape particulière du processus de la maladie. Il s'agit donc pour ces scientifiques de passer au crible les substances chimiques déjà disponibles pour identifier ces quelques molécules qui vont agir de concert sur le processus de la maladie. Une arme, un coup, plusieurs cibles : «Nous avons toujours été à la recherche de telles molécules intelligentes», explique le Pr Kevan Shokat, chercheur au Howard Hughes Medical Institute et président du Département de pharmacologie cellulaire et moléculaire de l'UCSF. «Il s'agit d'un fusil qui vise non pas une cible, mais un ensemble d'objectifs. Cela multiplie les chances d'arrêter le cancer sans provoquer « trop » d'effets secondaires ». De cette approche, ont déjà été issus 2 candidats médicaments, appelés AD80 (Voir principe sur figure ci-contre) et AD81 qui se sont avérés –sur les mouches à fruits- plus efficaces et moins toxiques que le vandetanib, un médicament approuvé par la US Food & Drug Administration l'année dernière pour le traitement d'un certain type de cancer de la thyroïde.
Surmonter le problème des effets secondaires : Dans toute maladie, il y a de nombreuses interactions moléculaires et de multiples autres processus dans des tissus spécifiques, et aujourd'hui, la plupart des médicaments sont des produits chimiques qui interfèrent avec les protéines et les gènes directement impliqués dans ces processus. Plus le médicament perturbe les éléments clés du processus de la maladie, plus il est efficace. De plus, la toxicité du médicament est liée à la façon dont il perturbe également d'autres parties du système de l'organisme. Alors que l'index thérapeutique (le ratio de la dose efficace à la dose toxique) d'un grand nombre de médicaments, en général, considérés comme les plus sûrs sur le marché est supérieur à 20 ou plus –ce qui signifie qu'il faudrait prendre 20 fois la dose prescrite pour risquer les effets secondaires graves-, cet indice peut avoisiner « 1 » quand il s'agit d'anticancéreux… Souffrir des effets secondaires des médicaments contre le cancer est une réalité pour de très nombreux patients, réduire cette toxicité est donc un des grands objectifs des chercheurs et des laboratoires pharmaceutiques.
Cette nouvelle approche pourrait fortement y contribuer. Sur les mouches des fruits, les chercheurs ont trouvé une technique de sélection des composés pour identifier celui qui va perturber au mieux tout un réseau de gènes. Et plutôt que de retenir une molécule qui va inhiber une cible, ils recherchent celle qui va inhiber tout un ensemble de protéines.
Source: Nature June 7, 2012 doi:10.1038/nature11127 “Chemical genetic discovery of targets and anti-targets for cancer polypharmacology”
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