DIABÈTE et COVID-19 : Metformine et taux de décès divisé par 3 ?
L'utilisation de l’antidiabétique metformine chez les patients diabétiques et COVID-19 est associée à une mortalité divisée par 3, suggère à nouveau, cette étude menée à l'Université de l’Alabama à Birmingham (UAB). Alors que le diabète est une comorbidité facteur de forme sévère de COVID-19, la prise de metformine semble permettre de ramener la mortalité de ces patients diabétiques et COVID-19 au niveau de la mortalité en population générale (positive au COVID-19) et à un niveau inférieur de 23% au niveau de décès des patients diabétiques qui ne prennent pas de metformine.
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La metformine est un antidiabétique couramment utilisé, qui permet donc de gérer la glycémie chez les patients diabétiques de type 2. Le médicament réduit également les niveaux de certaines protéines inflammatoires, comme le TNF-alpha, qui semblent participer à l'aggravation de la maladie COVID-19. Une récente étude de l’Université du Minnesota, menée auprès de femmes et d’hommes atteints de diabète et/ou d’obésité hospitalisés pour COVID-19, a ainsi déjà révélé qu’une prescription de metformine de 90 jours avant l'hospitalisation est associée à un risque réduit de 21% à 24% de décès, mais chez les femmes seulement. Cependant, la relation n’a pas encore été documentée et d’autres recherches restent nécessaires pour expliquer l’absence d’effet constaté chez les hommes. Cette nouvelle étude suggère une nouvelle association entre l’ADO et une division par 3 du taux de mortalité chez les patients COVID-19 atteints de diabète de type 2.
Un effet bénéfique après prise en compte des facteurs de confusion possibles
L'étude a suivi 25.326 patients testés pour COVID-19 à l’Hôpital de l’UAB entre février et juin 2020. Sur les 604 patients positifs pour le COVID-19, 311 étaient Afro-Américains. Le critère principal de l'étude était la mortalité chez les participants positifs au COVID-19, et l'association possible entre la mortalité et certaines caractéristiques patients . L’analyse constate que :
- les participants afro-américains ne représentant que 26% de la population de l'Alabama représentent 52% des patients testés positifs au COVID-19 (et seulement 30% de ceux testés négatifs) ; ce qui confirme l’impact démesuré de COVID-19 sur les minorités ethniques ;
- être afro-américain s’avère un facteur de risque de COVID-19, mais pas de mortalité ; ce qui suggère une égalité d’accès à des soins de santé appropriés ;
- le taux de mortalité globale des patients positifs au COVID-19 s’élève à 11% ;
- 93% des décès sont survenus chez des participants de plus de 50 ans ;
- le sexe masculin et l’HTA sont 2 facteurs associés à un risque de décès significativement plus élevé ;
- le diabète est également associé à une augmentation spectaculaire de la mortalité,
- avec taux multiplicateur de 3,62 du risque de décès : ainsi, 67% des décès recensés dans l'étude sont survenus chez des personnes diabétiques ;
- l'utilisation antérieure d'insuline n'affecte pas le risque de décès ;
- l'utilisation antérieure de la metformine réduit considérablement le risque de décès ramenant le taux de mortalité des utilisateurs de metformine à celui constaté en population générale et à un niveau inférieur de 23% de mortalité en comparaison du taux constaté chez des personnes diabétiques et COVID-19 ne prenant pas de metformine. Â
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Généraliser l’utilisation de la metformine en cas de diabète et de COVID-19 ? L’effet de réduction du risque de décès de la metformine est marqué car il vaut toujours après prise en compte de l'âge, du sexe, de l’origine ethnique et des comorbidités (dont l’obésité, l'hypertension, la maladie rénale chronique et l'insuffisance cardiaque) du patient diabétique, précise l’auteur principal, le Dr Anath Shalev, directeur du Comprehensive Diabetes Center de l'UAB : « des résultats similaires ont été obtenus dans différentes régions du monde, la réduction observée du taux de mortalité associée à l'utilisation de la metformine chez les sujets diabétiques de type 2 et de COVID-19 pourrait être généralisable ».
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Si les données épidémiologiques y engagent, les scientifiques ignorent encore comment la metformine améliore le pronostic de la maladie COVID-19. Les auteurs suggèrent des mécanismes anti-inflammatoires et antithrombotiques précédemment décrits de la metformine. On retiendra donc de cette étude, une confirmation du diabète comme facteur de risque majeur et indépendant de mortalité liée au COVID-19 mais aussi une réduction possible et considérable avec la metformine.
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Il reste néanmoins à démontrer que la metformine constitue bien une approche protectrice dans cette population à risque, en identifiant les mécanismes à l'oeuvre, et en évaluant le rapport bénéfice-risque d'une « généralisation » de la metformine chez les patients diabétiques et dans ce contexte de pandémie COVID-19.
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