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Manque de SOMMEIL, manque de self-control?

Actualité publiée il y a 9 années 5 mois 3 semaines
Frontiers in Human Neuroscience

Un bon sommeil est essentiel. Nous avons tous l’expérience des effets d’un sommeil de mauvaise qualité, de fonctionnement cognitif ralenti et de performances diminuées. Mais le manque de sommeil peut-il aussi expliquer l’absence de maîtrise de soi? Cette revue de chercheurs américains soutient que la maîtrise de soi est comme la force physique. En cas d’insuffisance de sommeil, nos ressources sont limitées et la fatigue peut impacter plusieurs aspects de notre comportement et plusieurs domaines de notre vie. Dont notre self-control.

Les auteurs de la Clemson University (US) ont procédé à un examen de la littérature sur le sujet dont les études portant sur les effets d'un mauvais sommeil sur des critères biologiques mais aussi sur nos ressources cognitives et notre humeur. Ils nous proposent une « revue narrative » portant sur les interactions possibles entre habitudes de sommeil et maîtrise de soi.


On pourrait penser connaître par avance les conclusions de cette analyse, mais, alors que le manque chronique de sommeil touche une grande partie d'entre nous et de manière de plus en plus fréquente, il est utile de connaître et de pouvoir prévenir ou anticiper ses conséquences. Les chercheurs ont donc réuni les différentes théories développées pour tenter d'expliquer comment la privation de sommeil peut affecter les performances dans de multiples domaines. Parmi les théories développées :

- La première suggère tout simplement que le self-control dépend de quelques ressources internes qui s'épuisent lorsque nous puisons dedans un certain nombre de fois. Nous devenons alors « fatigués de décider », c'est l'épuisement de l'ego (ou ego depletion). Le manque de sommeil ou la fatigue est l'un de ses facteurs, mais ne peut expliquer seul cet épuisement.

- La seconde associe une faible glycémie ou la sensation de faim à une mauvaise maîtrise de soi. Chacun a pu observer que les sautes d'humeur sont plus fréquentes en situation d'hypoglycémie. Cependant, si ce facteur contribue à la fragilité de la maîtrise de soi, il ne suffit pas non plus à l'expliquer.

- Une troisième théorie met en avant des processus psychologiques. Ainsi, le maintien de la maîtrise de soi pourrait être le résultat d'un choix entre plusieurs objectifs, d'un sens fort des priorités ou simplement l'expression d'une volonté. C'est le cas par exemple entre déguster un gâteau ou aller faire du sport.

Prises ensemble, toutes ces théories suggèrent que la maîtrise de soi est le résultat d'une combinaison de ressources psychologiques internes et peut être influencée par des choix et des croyances personnelles. L'exposition à un stress qui se traduit par une légère « ego depletion » peut soit rompre la maîtrise de soi, soit induire chez le sujet un choix différent qui permettra de surmonter les effets négatifs de l'épuisement. C'est là qu'intervient le sommeil, car en cas d'insuffisance de ressources internes, le sujet peut ne plus être en mesure d'exercer la maîtrise de soi.

Sommeil et maîtrise de soi :

- Un besoin physiologique plus fort que tout : Les auteurs rappellent un principe de base : Le sommeil est un besoin physiologique tel qu'il est capable en cas de privation, de submerger tout type d'effort mental ou de raisonnement. Un conducteur en manque de sommeil au volant d'une voiture va s'endormir quel que soit le risque, d'accident et de décès. En cela même, il menace directement, en cas de manque, la maîtrise de soi.

- Un élément essentiel de notre horloge : Une partie de l'effet du sommeil sur le self-control est médiée par notre métabolisme ou les niveaux de glucose, qui suivent le cycle de notre horloge interne. Notre capacité à métaboliser le glucose donc nos ressources énergétiques sont affectées par nos habitudes de sommeil.

- Une condition de la plasticité et de l'«efficacité » cérébrales : il a été démontré que le sommeil favorise la plasticité du cerveau, c'est-à-dire à construire de nouvelles connexions nerveuses, qui nous permettent de comprendre, de changer et de nous adapter. Le sommeil permet ainsi de restaurer aussi nos ressources internes dont celles dont nous avons besoin pour exercer cette maîtrise de soi. Le manque de sommeil entraîne en revanche une perte irréversible de neurones, impliqués dans la vigilance, l'attention et d'autres fonctions supérieures de la cognition.

Le manque de sommeil pousse aux choix les moins difficiles : Une étude citée par les auteurs suggère que face à un choix, les personnes en manque de sommeil auront tendance à opter pour le moins difficile. Le manque de sommeil aurait un impact négatif sur la performance cognitive même, au-delà de la faiblesse des ressources internes. D'autres recherches suggèrent ainsi, avec la privation de sommeil, une baisse d'activité dans les zones du cerveau impliquées dans la réflexion et la planification, d'où une capacité réduite à exercer la maîtrise de soi.

Ainsi sommeil et maîtrise de soi forment un système enchevêtré nécessaire aux prises de décision et aux fonctions cognitives complexes. De bonnes habitudes de sommeil pourraient restaurer la capacité d'une personne à faire des choix plus difficiles, augmenter la capacité de travail et réduire les risques de dépendance ou d'excès –associés à l'insuffisance de self-control. Cet article d'opinion donc, met en exergue le sommeil, comme un facteur clé de la maîtrise de soi.

Source: Frontiers in Human Neuroscience May 11 2015 doi.org/10.3389/fnhum.2015.00284 Interactions between sleep habits and self-control

Lire aussi: NEUROBIOLOGIE du SOMMEIL: Mais pourquoi s'endort-on? –

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Le manque SOMMEIL blesse le cerveau de manière irréversible -


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