MICROBIOTE: Comment il va nous aider à prévenir les maladies intestinales
Comment le microbiome intestinal peut nous aider à prévenir la maladie du côlon irritable ou autres maladies inflammatoires de l’intestin (MICI), c’est objet de plusieurs recherches publiées ce mois-ci dans la revue Cellular and Molecular Gastroenterology and Hepatology de l’American Gastroenterological Association. 3 études qui témoignent du dynamisme de la recherche sur le champ du microbiome et des troubles intestinaux.
Des recherches qui confirment des percées dans la recherche fondamentale et translationnelle qui vont changer la vie des patients souffrant de MICI : une nouvelle approche préventive de la maladie du côlon irritable ou le rôle de l'hypoxie dans la progression des MICI ou encore l'utilisation de modèles animaux pour mieux comprendre leur pathogenèse.
Microbiome, dysbiose et pathogenèse : la première étude vient compléter de nombreuses recherches précédentes qui, si elles montraient l'association entre des changements du microbiome intestinal et ces maladies de l'intestin, ne prouvaient pas le lien de cause à effet. Cette nouvelle étude (1) relie en effet directement un microbiome à un risque de maladie chez des sujets génétiquement et « écologiquement » sensibles. Les auteurs rapportent que le microbiome est modifié et constatent une dysbiose (déséquilibre du microbiote intestinal) chez certains parents sains de patients atteints de maladies intestinales pédiatriques. Ainsi, un sous-groupe dans la famille présente une dysbiose et des preuves biochimiques d'état pré-pathologique, sans pour autant de symptômes cliniques (augmentation de la calprotectine fécale). Si les futures études montrent que les parents en bonne santé avec dysbiose ont un risque accru et significatif de développer une MICI, il pourrait être possible d'intervenir avant le développement de la maladie. Une telle intervention consisterait à rétablir « l'équilibre normal » du microbiome. Donc une approche préventive semble aujourd'hui possible, via probiotiques par exemple.
Hypoxie et inflammation intestinale : c'est le sujet de la seconde étude (2) qui, en pratique monte comment une altitude élevée peut influencer la progression des MICI. L'inflammation s'accompagne d'un apport réduit d'oxygène ou hypoxie, à l'intérieur de la muqueuse intestinale. L'hypoxie modifie les modes d'expression des protéines ce qui peut modifier la progression de la maladie. Ici, les chercheurs montrent que l'exposition à haute altitude, qui réduit l'apport d'oxygène, peut conduire à des récidives de la MICI. Précisément, les scientifiques constatent une augmentation de l'expression de protéines de surface cellulaire qui peuvent détecter l'acidification associée à une inflammation locale, pet déclencher les voies de signalisation intracellulaires qui conduisent à une progression de la MICI. En ciblant directement ces voies de détection d'acide, il serait donc théoriquement possible de bloquer la progression de la maladie ou d'éviter sa récidive. Une nouvelle cible prometteuse est ainsi identifiée.
Des grands modèles animaux à l'Homme : dans les MICI comme dans les autres maladies, le recours au modèles animaux permet de mieux comprendre les mécanismes de la pathogenèse. Le porc semble ainsi un modèle particulièrement intéressant et fidèle pour étudier les mécanismes de la physiopathologie digestive, selon cette 3è étude (3). Les chercheurs montrent à quel point le tractus gastro-intestinal du porc partage un certain nombre de similitudes avec le tractus gastro-intestinal humain (vs les rongeurs). Mais c'est aussi le cas pour les lésions d'ischémie intestinale / de reperfusion, les lésions de l'œsophage, la réparation de la muqueuse intestinale… Bref, des modèles très prometteurs qui vont permettre de faire avancer la recherche sur les maladies digestives.
On l'aura compris, le microbiome/microbiote intestinal et les MICI associées constituent aujourd'hui un champ de recherche privilégié et ces dernières études l'illustrent avec ces grandes avancées.
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