MOUSTIQUE: Génétiquement évolué pour piquer l'Homme
Les plus dangereux sont ceux qui piquent de préférence les humains. Il s’agit du moustique bien sûr, le principal vecteur mondial de la dengue, de la fièvre jaune ou du chikungunya. Et ceux-là mêmes se sont dotés, au fil de l’évolution, d’une véritable préférence pour l’odeur humaine. Il ne s’agit pas d’une simple appétence mais de l’augmentation de l'expression d’un gène d’un récepteur odorant, AaegOr4, capable de reconnaître et de cibler l'odeur humaine. Cette démonstration de l’Université de Princeton, présentée dans la revue Nature, apporte l’exemple rare d'une évolution génétique, associée à un comportement, et permet aussi de mieux comprendre comment ces vecteurs en sont venus à se spécialiser sur les humains.
Car c'est une forme commune du moustique Aedes aegypti qui a évolué pour se spécialiser dans le « piquage » des humains montre cette comparaison génétique avec une forme ancestrale de moustiques forestiers qui eux, préfèrent piquer les animaux plutôt que les humains.
En analysant le génome de ces 2 formes de moustiques, les scientifiques ont pu identifier des différences génétiques associées aux préférences respectives des moustiques.
· Ainsi, la préférence pour une odeur humaine s'avère liée à l'augmentation de l'expression d'un récepteur des odeurs, AaegOr4 qui permet au moustique de mieux reconnaître un composé de l'odeur de l'Homme, le sulcatone.
· Chez les moustiques de la forêt, plus portés sur les animaux, ce sont deux autres gènes OR4 et Or103 qui s'avèrent mieux exprimés (Voir schéma ci-contre).
Ainsi, l'odeur du sang humain est désormais inscrite dans les gènes du moustique vecteur de maladies humaines, révèle cette recherche qui apporte aussi un exemple flagrant de changement génétique lié à l'évolution.
Quelles implications ? Au-delà de l'intérêt scientifique et évolutif, ces données ou cibles pourraient contribuer à développer de nouvelles méthodes pour supprimer l'appétit du moustique pour l'Homme. De précédentes recherches se sont ainsi essayées à la thérapie génique sur le moustique avec l'objectif de supprimer toute descendance femelle. Mais ici, il s'agirait de s »attaquer directement aux récepteurs des odeurs. Et pour l'ensemble des maladies transmises par le moustique, dont le paludisme…
Manipuler leur réponse à notre odeur serait ainsi un facteur prédominant dans la lutte contre ces maladies vectorielles.
Source: Nature Nov. 13, 2014 Evolution of mosquito preference for humans linked to an odorant receptor (Visuels@ Carolyn McBride, Department of Ecology and Evolutionary Biology and the Princeton Neuroscience Institute)
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