POLITIQUE VACCINALE 2012-2017: Responsabiliser, simplifier, vérifier
La résurgence de la rougeole en France, devenue même une menace pour l’Europe, aura probablement été le déclencheur de cette réflexion menée par le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) sous l’égide du Ministère de la Santé sur la prochaine politique vaccinale 2012-2017. Une réflexion qui devrait aboutir, selon les premières informations de l’AFP, à une simplification et meilleure lisibilité du calendrier vaccinal, une responsabilisation sur l’enjeu collectif de la vaccination et un repositionnement du médecin traitant au cœur du dispositif.
Ainsi, le dernier bilan de l'InVS de début 2012 faisait état de 16.500 cas de rougeole constatés sur les 8 premiers mois 2011, avec 6 décès liés, en raison d'une couverture vaccinale insuffisante et incomplète, alors qu'une quarantaine de cas étaient seulement déclarés chaque année en 2006 et 2007. C'est aujourd'hui le pays d'Europe de l'Ouest où il y a le plus de cas.
Les raisons d'une couverture vaccinale insuffisante sont nombreuses. Réticences du public liées à l'historique des campagnes de vaccination lors de la pandémie 2009, crainte des effets secondaires, mais aussi complexité du calendrier vaccinal actuel, confusion entre vaccins obligatoires et recommandés, méconnaissance des nouveaux vaccins, complexité du processus de vaccination (prescription, achat, vaccination) ou encore mise à jour insuffisante des carnets de santé ou de vaccination des adultes ou enfin, méconnaissance des conséquences des situations à risque élevé ou des conséquences possibles de la maladie.
En 2011, le HCSP avait fait évoluer le calendrier vaccinal en recommandant, pour la vaccination ROR, des vaccinations « de rattrapage » chez les enfants et adolescents et adultes nés depuis 1980. Mais, là encore le message s'est avéré très complexe. Toutes ces personnes devaient avoir reçu au total deux doses de vaccin trivalent et, dans le cas contraire, elles devaient recevoir la ou les doses manquantes.
Les principes d'une nouvelle politique vaccinale :
· La responsabilisation de chacun sur l'enjeu collectif de la vaccination doit être renforcée mais cela passe par une meilleure acceptabilité des vaccins. Au-delà de sa propre protection ou de celle de ses enfants, ce sont les notions d'efficacité de la vaccination, de conditions de couverture vaccinale et de responsabilité collective qui devraient être mieux expliquées et communiquées à chaque patient.
· La simplification du calendrier s'imposait pour une meilleure lisibilité et c'est l'objectif dès 2013. Cette lisibilité tant pour le médecin que pour le patient passe aussi par la redéfinition des notions de "vaccination recommandées", pas suffisamment suivies et de "vaccinations obligatoires".
· La « traçabilité » des vaccinations est également évoquée avec un meilleur suivi des vaccinations au niveau de chaque patient par le médecin traitant. Alors que chez l'enfant le carnet de santé établit ce suivi, chez l'adulte, ce n'est que rarement le cas, le patient lui-même ignorant parfois où il en est en matière de vaccination. L'idée serait de mettre en place un carnet de vaccination dématérialisé, une sorte de page spécifique du dossier médical patient.
· Le médecin traitant serait au cœur de cette nouvelle politique vaccinale, puisque au-delà de sa prescription et de l'acte de vaccination il pourrait vérifier sur le carnet dématérialisé l'état des vaccinations et court-circuiter le parcours vaccinal actuel en disposant d'un stock de vaccins à son cabinet, lui permettant d'assurer directement la vaccination du patient à l'occasion d'une visite de routine.
Reste la question du passage de vaccins pour lesquels la couverture vaccinale reste très insuffisante, comme c'est le cas pour le ROR, de vaccins recommandés à obligatoires. Un groupe d'études de l'Assemblée nationale sur la vaccination recommande d'engager une réflexion sur le sujet, charge au HCSP de se prononcer.
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