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PSYCHIATRIE : Et si l'on parlait plutôt à son mobile ?

Actualité publiée il y a 5 années 1 semaine 17 heures
Schizophrenia Bulletin
« Revisiter la psychiatrie » avec une app et l’intelligence artificielle ?

« Revisiter la psychiatrie » avec une app et l’intelligence artificielle ? L'intelligence artificielle (IA) pourrait, d’une certaine manière, « transformer » la psychiatrie et aider les psychiatres à mieux diagnostiquer et surveiller les patients, soutient cette équipe de l’Université du Colorado à Boulder. Elle présente dans le Schizophrenia Bulletin, une application qui analyse des signaux dans la parole pour évaluer l'aide mentale dont le patient peut avoir besoin. Un outil de détection primaire aux applications prometteuses, en particulier en télémédecine.

 

L’auteur principal, le Dr Peter Foltz, professeur à l'Institut des sciences cognitives de l'Université du Colorado, pense que l'intelligence artificielle peut contribuer au diagnostic des maladies mentales aussi et avoir leur place dans la surveillance des signes vitaux des patients, en particulier lorsque ces patients sont à des centaines de kilomètres de leur médecin. Son équipe s’est employée à appliquer l’apprentissage automatique à la psychiatrie, avec une application mobile basée sur la parole qui permet d’évaluer l’état de la santé mentale du patient.

Une app d’évaluation en psychiatrie aussi efficace voire plus que le praticien ?

« Il ne s’agit pas de remplacer les médecins », précise l’auteur principal, mais d’exploiter les possibilités de l'IA en psychiatrie et de créer des outils qui vont permettre aux cliniciens de mieux suivre leurs patients. »

 

Un besoin de diagnostic et de suivi considérable en psychiatrie : on estime qu’environ une personne sur 5, dans les pays riches, vit avec un problème ou une maladie mentale. Un grand nombre de ces personnes n’ont pas forcément accès à des services spécialisés avec psychiatres et psychologues. D'autres n'ont tout simplement pas les moyens de consulter, n'ont pas le temps ou la motivation. Et lorsqu’un patient vient consulter pour une visite occasionnelle, les thérapeutes fondent leur diagnostic et leur plan de traitement sur l’écoute d’un seul entretien, donc avec un certain niveau de subjectivité et une marge d’erreur non négligeable. Parfois, ces spécialistes peuvent passer à côté de signaux subtils. Enfin, il n’existe pas encore de test biologique objectif, pour la maladie mentale. La détection, l’évaluation et le suivi des patients psychiatriques nécessite donc le développement de nouveaux outils, peu coûteux, simples à utiliser et dans de nombreux cas, dans un contexte d’absence de ressources humaines spécialisées.

 

La parole livre des indices du déclin de la santé mentale : à la recherche d’un tel « test », l’équipe a donc développé une technologie d'apprentissage automatique capable de détecter les changements dans le langage quotidien qui suggèrent un déclin de la santé mentale. Par exemple, les phrases qui ne suivent pas un schéma logique peuvent être un symptôme critique de la schizophrénie. Des changements de ton ou de rythme peuvent faire suspecter un trouble maniaco-dépressif. La perte de mémoire qui s’entend dans la parole, est un signe reconnu de problèmes cognitifs et de santé mentale. Ainsi, « la parole est une voie critique de détection des états mentaux des patients ».

 

L’IA et une app pour suivre les patients : la nouvelle application mobile demande aux patients de répondre à une série de questions de 5 à 10 minutes sur leur mobile. Ceux-ci sont interrogés sur leur état émotionnel, invités à raconter une histoire courte, à écouter une histoire et à la répéter, puis à passer une série de petits tests de motricité en touchant et faisant glisser le doigt sur l’écran. Un système d'IA évalue ces « bribes » de parole, les compare aux précédentes du même patient et aux résultats recueillis en population générale et est ainsi capable d’évaluer l'état mental du patient. Dans cette étude, lorsque les chercheurs demandent à des médecins spécialistes d’écouter et d’évaluer ces paroles de 225 participants, la moitié étant atteints de problèmes psychiatriques graves, puis comparent les diagnostics des médecins aux résultats « de l’app », ils constatent que,

  • les modèles d'intelligence artificielle sont « au moins aussi précis » que les médecins.

 

Des applications en médecine classique et en télémédecine : l’idée serait de disposer d’un tel système dans la salle de consultation avec un thérapeute et un patient qui pourrait alors apporter les informations complémentaires par rapport aux données de l’app, ou d’utiliser l’outil comme système de surveillance à distance pour les personnes atteintes de maladie mentale grave. Dans ce cas, si l'application détectait un changement préoccupant, elle pourrait alerter le médecin traitant du patient. En synthèse, l’app pourrait remplacer les entretiens cliniques fréquents menés par des professionnels qualifiés et nécessaires au suivi des patients psychiatriques.

 

Des études plus vastes vont être menées pour valider le système et son principe car il reste aussi des obstacles à lever en termes de confiance du public et des praticiens. « Si l'intelligence artificielle n’inspire pas forcément confiance, elle est essentielle pour les nouvelles applications médicales », écrivent les chercheurs. « En médecine aussi, nous devons tirer parti de ce que les machines font bien et parfois mieux que les humains ».


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