SEXUALITÉ et PATERNITÉ: Les religions les ont toujours protégées
Les croyances et pratiques religieuses influent largement sur la sexualité mais sont aussi un bon moyen de protéger la paternité et de limiter l’adultère, selon cette étude originale publiée dans l’édition du 4 juin des Comptes-rendus de l’Académie des Sciences. A travers l’étude de 26 ans d’une population du Mali et de ses religions, les chercheurs américains montrent comment la plupart des religions ont été célébrées et pratiquées pour protéger le patriarcat.
L'étude génétique a analysé les données de 1.705 paires père-fils, appartenant à une population traditionnelle du Mali, la communauté « Dogon » (Visuel ci-contre), où plusieurs religions ont cours, au sein de la communauté, l'islam, deux types de christianisme, et une religion monothéiste « indigène ».
Les chercheurs de l'Université du Michigan et de la Yale, dont l'anthropologue Beverly Strassmann, auteur principal de l'étude, constatent que la religion indigène entraîne une probabilité significativement plus faible d'adultère ou « cocuage » pour les hommes de 1,3% vs 2,9%. Dans cette religion traditionnelle, les « tabous » menstruels sont strictement appliqués et les femmes sont mises à l'écart durant 5 nuits dans des huttes inconfortables, dites menstruelles. Selon B. Strassmann, qui étude ce peuple depuis 26 ans, la religion se sert de l'idéologie de la pollution pour s'assurer que les femmes signalent honnêtement aux hommes, leur état de fertilité. Et quand une femme reprend ses séjours à la hutte menstruelle après sa dernière naissance, l'époux est automatiquement informé du retour de la fertilité et du risque d'adultère. Alors, signalent les auteurs, afin d'éviter ce risque, les précautions prises par l'homme sont l'acte sexuel post-menstruel, initié par le mari et une vigilance accrue de sa famille.
Sur la partie plus génétique de l'étude, l'équipe a détecté des inadéquations ADN Y chez seulement 1,8% des paires père-fils, contredisant l'idée largement répandue de taux élevés de cocuage puisque c'est un taux similaire à celui déterminé pour des populations aux usages modernes et que de plus, la communauté africaine étudiée n'utilise pas la contraception.
"Les grandes religions du monde ont été bâties sur des sociétés patriarcales dans lesquelles les facteurs critiques pour la reproduction ont été préservés par des textes sacrés prévoyant des sanctions contre l'adultère ou autres comportements qui font baisser la probabilité de paternité « du mari », mettant plus l'accent sur la chasteté de la femme que sur celle de l'homme et prônant la virginité pour les femmes avant le mariage. Bien que les études précédentes aient examiné la biologie de l'évolution du patriarcat à travers l'évolution culturelle et sociale ou même à travers l'évolution des primates, cette étude est la première à examiner si les religions régissent la sécurité de la paternité tout autant que la sexualité féminine.
Des déclarations fortes contre les enfants de l'adultère figurent dans la Bible et, dans le bouddhisme, l'adultère est une forme d'inconduite sexuelle. Pour prévenir l'adultère, les religions utilisent une double stratégie de contrôle social, qui passe par le lieu de culte (hutte menstruelle) et par la crainte d'un châtiment divin. En conclusion, l'étude soutient l'existence de fortes similitudes idéologiques et tactiques entre les différentes religions du monde, pour protéger la paternité.
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