STRESS POST-TRAUMA: Le propranonol fait peu à peu ses preuves
Des avancées récentes dans la compréhension de l'apprentissage et de la mémoire de la peur ainsi que dans la façon dont ces connaissances peuvent être appliquées à la prise en charge clinique de la peur, de l’anxiété et du stress post-traumatique ont mis en avant de nouvelles approches médicamenteuses permettant d'interférer avec le développement de la peur pendant la phase de consolidation de la mémoire après un traumatisme, ou pendant la réactivation du souvenir. Ces données ouvrent aujourd’hui de nouvelles voies pour réduire les symptômes du stress post-traumatique. Parmi ces pistes, celle d’un bétabloquant, le propranonol.
Une équipe de l'Emory University l'expliquait dans Nature Neuroscience (1), le syndrome de stress post-traumatique, la panique et les phobies sont associés à un état incontrôlable de peur. Leur développement passe à la fois par l'hérédité, des expériences antérieures, l'association d'événements traumatisants, et par l'incapacité à inhiber la peur une fois qu'elle est devenue chronique et invalidante.
En 2009, une équipe néerlandaise montrait, toujours dans Nature Neuroscience (2) la capacité du propranonol, un bétabloquant, à réduire la réaction de peur en effaçant les souvenirs de peur chez des volontaires humains par l'administration de propranolol. Ils montraient également que ce sentiment de peur ne revenait pas au fil du temps. L'équipe montrait ainsi que des changements peuvent être opérés dans la mémoire affective des êtres humains, même après que les souvenirs liés à peur aient été stockés dans la mémoire à long terme. Les chercheurs montraient alors qu'il est possible d'intervenir au moment de la réactivation de ces souvenirs. Après le traitement par propranolol et la réactivation de la mémoire, les souvenirs de peur ne peuvent plus être rappelés suggérant qu'ils ont été effacés ou ne peuvent plus être retrouvés.
Depuis, en 2010, lors de la Conférence de l'Association des psychiatres du Canada, 2 nouvelles études ont suggéré cette capacité du propranolol à interrompre la reconsolidation des souvenirs traumatiques par l'inhibition de la synthèse des protéines, et ont présenté le propranonol comme une option thérapeutique prometteuse pour le trouble de stress post-traumatique.
En France aussi : Depuis quelques années, des tests cliniques sont en cours au laboratoire du stress traumatique de Toulouse, avec le propranolol, dans la prise en charge du stress post-traumatique et sur une quarantaine de patients dont certaines victimes de l'explosion de l'usine AZF. 70% des participants auraient vu disparaître leurs symptômes. Aujourd'hui, le propranonol est utilisé dans le traitement de l'HTA, la prévention des angines de poitrine et suites d'infarctus du myocarde et autres troubles cardiaques, des migraines mais aussi dans la prévention de l'accélération cardiaque lors de situations stressantes. Il représente une nouvelle option prometteuse et complémentaire de traitement des troubles anxieux. Car quand les thérapies cognitivo-comportementales se concentrent sur la création de nouveaux souvenirs, le propranonol entraîne l'affaiblissement de la mémoire émotionnelle.
A noter, cette récente étude, publiée dans les PNAS (3), qui suggère que la rapamycine, un immunosuppresseur, en inhibant la synthèse des protéines, serait également capable, d'atténuer la peur et le stress.
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