SUPERVIRUS H5N1: La revue scientifique Nature publie la première étude
Les 2 études étaient bloquées depuis janvier par les autorités américaines pour raison de biosécurité. Alors qu’il y a quelques jours, le gouvernement néerlandais a donné sa licence d’exportation aux travaux de Ron Fouchier, l’un des 2 chercheurs à l’origine du développement d’un supervirus de la grippe aviaire H5N1, Nature vient juste de publier l’autre étude, celle de Yoshihiro Kawaoka de l'Université de Wisconsin-Madison. Une étude qui explique, schémas à l’appui, comment ce virus de la grippe aviaire, mutant, peut devenir facilement transmissible, ici entre furets de laboratoire, ouvrant l’hypothèse que des mutations naturelles –ou pas- pourraient aboutir à une souche pandémique humaine.
Début janvier 2011, l'Agence américaine de Biosécurité ou (NSABB) avait stoppé la publication des études au nom de la biosécurité et les chercheurs avaent décidé de suspendre leurs travaux. Début avril 2012, elle donnait son aval sur la publication des 2 études portant sur le développement de ces supervirus de la grippe aviaire H5N1, jusqu'ici bloquées pour risque de biosécurité, incitant gouvernement des États-Unis à autoriser leur publication complète. Yoshihiro Kawaoka de l'Université du Wisconsin et de l'Université de Tokyo est l'un des deux chercheurs à l'origine de la création d'une forme du virus H5N1 capable de se propager entre mammifères avec Ron Fouchier, du Centre médical Erasmus à Rotterdam, aux Pays-Bas dont l'étude, après accord du gouvernement néerlandais, a été soumise à la revue Science.
H5N1, ou virus de la grippe aviaire, est un virus hautement pathogène et souvent mortel chez les humains, rappelle la revue Nature, mais le virus ne se propage(ait) pas facilement et les cas humains restent rares. Ainsi, depuis 2003, environ 700 cas ont été recensés dans le monde, entraînant un taux de mortalité de 50%. Le Dr Kawaoka et son équipe ont travaillé sur la mutation du gène de l'hémagglutinine (HA), qui produit la protéine que le virus utilise pour se fixer aux cellules hôtes, pour comprendre si cela augmentait la transmissibilité du virus. Alors que les virus de la grippe peuvent, dans la nature également, acquérir de nouvelles propriétés par glissement ou mutation transgénique, les chercheurs ont combiné ce gène avec sept autres gènes du virus de la grippe H1N1 responsable de la pandémie de 2009.
Propagation, après 4 mutations : L'équipe du Dr Kawaoka constate que le virus hybride pourrait se propager entre les furets dans des cages séparées après l'acquisition de seulement 4 mutations. 3 mutations permettent à la protéine hémagglutinine permettent au virus de se fixer sur les cellules de mammifères, et la 4è stabilise la protéine. Selon les chercheurs, le rôle de cette 4è mutation est essentiel pour que le virus reste transmissible entre mammifères.
La protéine hémagglutinine (HA), clé de la transmission entre mammifères : Normalement le virus H5N1 préfère se fixer à des cellules comportant des récepteurs nommés Siaα2, 3Gal, ceux qui se trouvent à la surface des cellules aviaires. Or les cellules humaines des voies aériennes supérieures sont équipées de récepteurs Siaα2, les 6Gal, qui ont une forme légèrement différente. Pour voir si le virus H5N1 pourrait reconnaître des récepteurs de type humain, l'équipe de Kawaoka a muté de manière aléatoire sa protéine HA. Parmi les 2,1 millions de souches qu'ils ont créés, une seule a reconnu les récepteurs de type humain au lieu des récepteurs aviaires.
Un virus hybride, transmissible entre mammifères mais peu virulent : C'est ensuite que les chercheurs ont fusionné le gène HA muté avec 7 autres souches H1N1 pandémique 2009. Un tel virus hybride pourrait émerger naturellement, précisent les auteurs. L'équipe de Kawaoka a ensuite fait encore évoluer ce virus hybride en l'inoculant aux furets, le meilleur modèle animal de la grippe humaine. 6 jours plus tard, un furet était réservoir de dizaines de milliers de virus. Après séquençage de cette souche particulière du virus particulier, les chercheurs constatent qu'il a acquis une nouvelle mutation de HA. Le virus est désormais capable de se propager entre furets par dissémination dans l'air. Certains de ces virus transmissibles acquièrent ensuite une 4è mutation de HA et s'avèrent encore plus transmissibles entre furets. Le virus obtenu semble néanmoins moins rapide à se propager que la souche H1N1 2009, moins virulent et plutôt vulnérable aux antiviraux de première ligne, type Tamiflu. A ce jour, il n'est pas certain que le virus pourrait se propager entre humains comme entre les furets.
Néanmoins, explique Nature, ces travaux rappellent notre vulnérabilité face à des changements viraux relativement minimes.
Source: Nature doi:10.1038/nature10831 Published online 02 May 2012 485,13–14 Experimental adaptation of an influenza H5 HA confers respiratory droplet transmission to a reassortant H5 HA/H1N1 virus in ferrets
03 May 2012- doi:10.1038/485013a “Mutant-flu paper published”
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Lire aussi : SUPERVIRUS H5N1: Les Pays-Bas autorisent la diffusion des travaux
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